Dès son annexion à la France en 1795, le département de l’Ourthe – composé principalement des anciens territoires des principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy – devient un des centres de production des armes devant fournir les armées de la République, puis de l’Empire. L’industrie armurière liégeoise, jusqu’alors reconnue dans l’Europe entière tout au long de l’Ancien Régime, pâtit cependant du contexte politique et militaire des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. L’ingérence de l’État français dans l’industrie des armes s’avère défavorable pour les Liégeois sur le plan commercial et économique. L’implantation de manufactures nationales bride la libre concurrence dont avaient bénéficié les marchands-fabricants et entrepreneurs liégeois jusqu’à l’annexion. La production est orientée majoritairement vers l’armement de guerre tandis que les armes civiles ne peuvent plus être écoulées sur les marchés étrangers. Appuyé par une militarisation jusqu’alors inconnue dans l’industrie liégeoise, le cadre de travail des ouvriers se transforme peu à peu sous les contraintes d’un État toujours plus vorace en main-d’œuvre qualifiée et soucieux d’en contrôler les mobilités.
Renglet, Antoine ; et. al. L'armurerie liégeoise et ses travailleurs (1798-1814). Une industrie au service de l'Empire?. In: Annales historiques de la Révolution française, Vol. 418, no. 4, p. 137-164 (2024)