Degand, Liesbeth
[UCL]
Les marqueurs discursifs sont réputés fréquents et variés à l’oral, et ce d’autant plus que le discours est davantage spontané (Georgakopoulou & Goutsos, 1998). Ceci nous amène à les considérer comme des indices permettant de mesurer le degré « d’oralité » d’un discours. Appliquant ce principe à un corpus bidirectionnel de sous-titres de films (anglais/français ; +/- 493.000 mots au total ; Levshina, à par.), cette contribution vise, d’une part, à vérifier si les sous-titres (de films) peuvent être considérés comme du discours (pseudo)oral permettant l’étude d’expressions linguistiques typiques de l’oral spontané, et d’autre part, d’explorer le potentiel traductologique des marqueurs discursifs (même si les sous-titres ne peuvent pas être considérés comme des traductions au sens strict, cf. Gottlieb 2004), et par là, d’éclairer le profil sémantique et pragmatique de ces expressions linguistiques.
Tout en reconnaissant la multifonctionnalité des marqueurs discursifs, l’étude se concentrera sur les marqueurs discursifs dits non-relationnels (Degand & Simon-Vandenbergen, 2011), dont la fonction première s’éloigne de celle des connecteurs reliant deux segments adjacents par une relation sémantique de cohérence (causale, contrastive, temporelle, …) pour exprimer plutôt des fonctions d’organisation discursive globale, et/ou interactives, et/ou subjectives. Ce choix se justifie par leur relative absence des textes écrits plutôt formels, et leur présence très importante dans la conversation spontanée. Pour le français, nous explorerons d’abord les cinq marqueurs discursifs (à emploi non-relationnel) les plus fréquents dans un échantillon de données annotées (+/- 17.000 mots) de français conversationnel spontané (Crible 2015), à savoir quoi, mais, hein, ben et tu vois. Le premier constat est quantitatif : les marqueurs « traduits » sont moins fréquents que les marqueurs d’origine, et ce particulièrement pour les marqueurs les plus typiques de l’oral (4 fois moins pour hein, et jusqu’à 18 fois moins fréquent pour ben), sans toutefois être absents des sous-titres traduits. Nous essayerons d’établir quelles conditions favorisent ou défavorisent la traduction, et le cas échéant quels équivalents de traduction sont proposés. Nous nous tournerons ensuite vers des marqueurs moins fréquents, mais amplement décrits dans la littérature, tant pour l’oral que pour l’écrit et/ou qui ont des « équivalents de traduction » en anglais (alors, en fait). Ceci devrait nous permettre de comparer les profils sémantiques et pragmatiques de ces marqueurs dans les trois modes écrit, oral et pseudo-oral.
Crible, L. 2015. Etude contrastive des marqueurs de discours français et anglais: approche onomasiologique sur corpus comparable. 4th International Symposium « Discourse markers in romance languages : a contrastive approach », May 6-9 2015, Heidelberg.
Degand, L. and Simon-Vandenbergen, A-M. 2011. Grammaticalization and (inter-subjectification of discourse markers. Linguistics 49, 287–294.
Georgakopoulou, A. and Goutsos, D. 1998. Conjunctions versus discourse markers in Greek : The interaction of frequency, position, and functions in context. Linguistics 36(5) : 887 917.
Gottlieb, H. 2004. Subtitles and International Anglification. Nordic Journal of English Studies 3 (1): 219 30.
Levshina, N. à par. Verbs of letting in Germanic and Romance languages: A quantitative investigation based on a parallel corpus of film subtitles. Languages in Contrast.
Bibliographic reference |
Degand, Liesbeth. Marqueurs discursifs en traduction à l’oral. Les sous-titres de film sont-ils le reflet de la conversation spontanée ?.4th International Symposium of Romance Discourse Markers (Heidelberg, du 06/05/2015 au 09/05/2015). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/158799 |