Sow, Tiguidanké
[UCL]
Filion, Nataly
[UCL]
Contenu : La contention physique est souvent utilisée en milieu psychiatrique pour gérer les comportements agressifs des patients. Elle est définie par la Haute Autorité de la santé (2017) comme étant l’utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou une partie du corps, dans le seul but d’obtenir de la sécurité pour une personne qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté. Cependant, cet acte, bien que parfois nécessaire, peut être lourd de conséquences émotionnelles pour le personnel infirmier qui le met en œuvre. Bien qu’il existe beaucoup de littérature sur le vécu des patients, un manque concernant celui des infirmiers dans ce contexte se fait ressentir. Ayant moi-même vécu des expériences de contention assez troublantes, de nombreuses émotions et questionnements ont pu faire surface. Ce mémoire vise donc à explorer, en outre, à donner voix à ces acteurs en recueillant leurs vécus, leurs expériences, en identifiant les émotions, les défis et les perceptions associés à cette pratique. Méthodes : Afin de pouvoir explorer les ressentis des participants, une approche qualitative est utilisée. L’échantillon comprend treize infirmiers, dont sept femmes et six hommes, tous âgés entre 23 et 50 ans travaillant en milieu psychiatrique fermé avec des patients ayant des troubles du comportement avec agressivité. Parmi eux, seuls trois détiennent une spécialisation en santé mentale et psychiatrie. Les données sont recueillies à travers des entretiens semi-dirigés à l’aide d’un guide d’entretien préétabli, puis analysées qualitativement pour identifier les thèmes principaux. Les participants ont été anonymisés et ont signé un formulaire d’information et de consentement. Résultats : L’analyse révèle neuf thèmes principaux, soit la perception de la contention, les raisons de recourir à la contention, la place des formations dans la pratique, les alternatives à la contention, l’impact sur la relation soignant/soigné, le ressenti et expérience émotionnelle, les conséquences professionnelles et personnelles, les stratégies de coping et pour finir, les perspectives d’améliorations. Les émotions associées étant principalement le stress, la frustration, la culpabilité et d’autres encore. Les participants ont également souligné l’importance des formations en techniques de désescalade verbale et de gestion de crise et de davantage de soutien psychologique. Conclusion : Ce mémoire met en lumière le vécu complexe et souvent difficile du personnel infirmier lors de la mise en place de contention physique en psychiatrie. Cette pratique engendre des émotions souvent négatives et des défis éthiques pour les soignants. Des recommandations telles que la formation continue, le soutien institutionnel psychologique, des projets visant à encourager les bonnes pratiques de prévention de la violence et de gestion des comportements agressifs et l’introduction de paires aidants pourraient améliorer le bien-être des infirmiers et réduire le recours à la contention. Pour donner suite, il serait peut-être important d’étudier comment l’intégration de programmes de soutien psychologique et de paires aidants pourrait influer sur le bien-être émotionnel des infirmiers en psychiatrie, et quelles actions concrètes pourraient être envisagées pour répondre à leurs besoins émotionnels spécifiques. Mots clés : contention physique, psychiatrie, stress, éthique, émotions, vécu du personnel infirmier, soutien psychologique, santé mentale.


Référence bibliographique |
Sow, Tiguidanké. Vécu du personnel infirmier lors de la mise en place de contention physique en psychiatrie : démêler les liens pour un avenir (presque) sans liens. Faculté de santé publique, Université catholique de Louvain, 2024. Prom. : Filion, Nataly. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:45426 |