Lecture du procès de Nathan Duponcheel : Image du père et passage à l’acte meurtrier

L’adolescence est une étape importante de la vie où le jeune doit pouvoir se construire en vue de former son identité propre et s’intégrer comme adulte dans la société. Cette étape de la vie, du fait des changements psychiques et physiques, peut s’avérer très violente. Ce processus construction se réalise en remettant en question le lien d’attachement restreint avec les parents. L’adolescent s’ouvre alors aux autres et part découvrir d’autres types de relations pour notamment tester le lien avec ses parents. Malgré cette distanciation, la fonction paternelle reste indispensable dans le cadre de ce processus de développement. En effet, le jeune, même s’il entre en conflit avec cette figure paternelle, le jeune a besoin de se reposer sur celle-ci. A un moment, il doit symboliquement contracter le meurtre du père pour construire sa future identité. Dans certain cas, le père géniteur ou de substitution peut s’avérer absent et l’adolescent se retrouve dans une impasse. Si cette impasse ne trouve aucune solution, l’adolescent est susceptible d’avoir un recours au passage à l’acte, passage à l’acte qui peut dans certains cas aller jusqu’au crime. Nathan Duponcheel, jeune de 18 ans, tue Alfred Gadenne à proximité de la tombe de son père qui s’est suicidé. Ce meurtre serait lié au ricanement d’Alfred Gadenne alors que le jeune attendait de ce dernier du soutien et une figure de substitution pour son père absent. Dans ce contexte, le présent travail vise, sur base de cas jugé aux assises, à examiner les éléments déclencheurs d’un tel acte au-delà la vengeance et de la rage du moment. Diverses pistes sont analysées comme la fonction paternelle face aux enjeux, l’impasse de l’adolescent, le manque de soutien, la souffrance du jeune,…Des propositions d’éléments liés à l’accompagnement et la recherche du soin lors de la prise en charge des adolescents ayant commis un meurtre sont également proposés.