Stockis, Sébastien
[UCL]
Sepulchre, Sarah
[UCL]
Depuis quelques années, les mots "cancel culture", "woke" et "calling out" apparaissent dans l'actualité et au sein des débats. Directement importé des Etats-Unis, le terme « cancel culture » n’a cessé de prendre de l’importance et de se propager, si bien qu’en 2020 l’expression fit même partie des « mots de l’année » désigné par le dictionnaire britannique Oxford, à côté de « Covid 19 » ou encore « Black Lives Matter ». La pratique de la cancel culture se fait à travers le « calling out » qui consiste à pointer du doigt, sur les réseaux sociaux principalement, les faits, les gestes ou les propos inappropriés d’un individu. Cette dénonciation volontaire et publique traduit pour certains une volonté de faire taire une œuvre ou un discours. Pour d'autres c'est un outil de dénonciation efficace. Le calling out est à l’origine des termes « call-out culture » en anglais ou « culture de l’effacement » en français. La cancel culture est aujourd’hui critiquée pour son manque de nuance, son intolérance, son caractère destructeur pour les personnes visées par les dénonciations parfois très violentes. En 2021, lors de sa présentation TEDx, Loretta Ross, militante féministe afro-américaine et universitaire spécialisée dans les études féministes, lance un appel : « Stop calling people out, call them in ». Elle aussi tire la sonnette d'alarme sur la pratique corrosive du calling out dans les mouvements de justice sociale. Elle propose alors une première alternative – le "calling in" – un terme inventé par Loan Tran, que L. Ross décrit comme une "pratique féministe de l'intersectionnalité". Une deuxième alternative pensée par Sonya Renee Taylor – le « calling on » – est un moyen de dénoncer sans s’impliquer. Le call-in et call-on sont des stratégies alternatives au calling out qui permettraient de travailler ensemble au-delà des différences. Ce mémoire a pour objectif d’observer la réception des trois concepts (calling out, calling in et calling on) à l’aide de deux focus groupe composés de personnes distinctes : 1. Un focus groupe de personnes éduquées aux questions d’injustices sociales 2. Un focus groupe de personnes peu éduquées à ces questions La réalisation des focus groupes se fera sous forme d’atelier éducatif. Les théories de la réception nous offriront un début de pistes de réflexions pour analyser ce qui aura été dit au cours des focus groupes. Aux termes de ce travail, nous serons en mesure d’évaluer si les participants sont tous capables, peu importe leur sensibilisation, de mobiliser, théoriser et réceptionner les trois concepts à courts et moyens termes. These past years, words like "cancel culture", "woke" and "calling out" have been appearing in the news and in debates. Directly imported from the United States, the term "cancel culture" has not ceased to gain importance and to spread, so much so that in 2020 the expression was even included in the "words of the year" designated by the British Oxford dictionary, alongside "Covid 19" or "Black Lives Matter". The practice of cancel culture is done through "calling out". It consists of pointing out, mainly on social medias, the inappropriate actions, gestures, or words of an individual. For some, this voluntary and public denunciation translates into a desire to silence a work or a discourse. For others, it is an effective political denunciation tool. Calling out is the origin of the term "call out culture" in English. The cancel culture is now criticised for its lack of nuance, its intolerance, its destructive character for the people targeted by the sometimes very violent denunciations. In 2021, during her TEDx presentation, Loretta Ross, an African American feminist activist and academic specialised in feminist studies, launched an appeal: "Stop calling people out, call them in". She too sounded the alarm on the corrosive practice of calling out in social justice movements. She then proposes a first alternative - "calling in" - a term invented by Loan Tran, which Ross describes as a "feminist practice of intersectionality". A second alternative found by Sonya Renee Taylor – the "calling on" - is a way of denouncing without getting personally or emotionally involved. Calling in and calling on are alternative strategies to calling out that would, according to their authors, allow us to work together across differences. The aim of this thesis is to observe the reception of the three concepts (calling out, calling in and calling on) with the help of two focus groups composed of different people: 1. A focus group of people educated in social injustice issues 2. A focus group of people with little education on these issues The focus groups will be conducted in the form of an educational workshop. The theories of reception will offer us a beginning of reflections to analyse what will have been said during the focus groups. At the end of this study, we will be able to assess whether the participants are all capable, regardless of their awareness, of mobilising, theorising, and receiving the three concepts in the short and medium term.


Référence bibliographique |
Stockis, Sébastien. Le call out, le call in et le call on : étude de réception de nouveaux concepts Comment les nouveaux concepts de call out, in et on sont-ils mobilisés par des personnes éduquées et peu éduquées aux question d'injustices sociales ? Etude qualitative en focus groupes. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2022. Prom. : Sepulchre, Sarah. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:35229 |