Coppée, Emmanuelle
[UCL]
Hesbeen, Walter
[UCL]
Lorsque l’on aborde l’accompagnement des patients dans le système de soins tel que nous le connaissons actuellement, et peut-être d’autant plus dans le cadre de la crise sanitaire que nous traversons ; la question de l’humanisme est au cœur des préoccupations des soignants. En effet, les conditions de travail parfois pénibles, tant sur le plan physique, émotionnel qu’éthique, ainsi que l’évolution de la médecine vers des soins de plus en plus techniques ; ont tendance à mettre à mal la relation de soin avec le patient et à faire oublier la différence entre « les soins » et « le soin ». Afin de répondre à ma question de recherche : « Quelles sont les stratégies mises en place par le personnel infirmier afin de maintenir des soins humanisants au patient malgré un système de soins contraint ? », la méthode a été envisagée en trois temps : une recherche de littérature, des entretiens avec des témoins privilégiés, ainsi que des entretiens avec les acteurs de terrain. Il ressort de la recherche de littérature ainsi que des entretiens avec les témoins privilégiés, que les valeurs en lien avec le prendre soin sont essentielles pour les soignants et qu’ils ont une réelle volonté de les mettre en pratique au quotidien. Cependant, les résultats de certaines études montrent que le prendre soin ne va pas de soi et qu’il est nécessaire de « cultiver » cet humanisme soignant ; et ce, à tous les niveaux. A ce propos, il apparait que l’atmosphère soignante est un élément influençant grandement la mise en œuvre d’une pratique de soin humanisante, et qu’il est important que cette atmosphère soit non seulement présente, mais qu’elle soit travaillée et encouragée par tous les intervenants du système de soins. Ensuite, une recherche qualitative sur base d’entretiens exploratoires semi-directifs auprès des acteurs de terrain a été réalisée afin de mettre l’accent sur l’importance de l’ atmosphère soignante, et de déterminer la manière dont cela se traduit en pratique. Les critères de sélection retenus étaient que les soignants soient des infirmiers, que ceux-ci travaillent dans une unité ou institution au sein de laquelle l’humanisme soignant fait partie de la philosophie de soin et qu’ils aient au minimum une expérience antérieure dans un autre lieu de soin. Au total, onze répondants ont été interviewés. L’étude a été réalisée sur base d’un guide d’entretien, entre le six et le vingt avril 2021. Les résultats de l’étude montrent que l’atmosphère soignante a une influence sur la manière dont l’infirmier envisage sa pratique au quotidien. En effet, la philosophie de soin et l’atmosphère au sein de laquelle ils évoluent semblent rendre les contraintes plus légères aux yeux des soignants. Selon eux, quoi qu’il arrive, il est toujours possible d’insuffler un peu d’humain dans leur(s) soin(s). Cependant, malgré la volonté bien présente des infirmiers ainsi que l’existence d’outils et recommandations, il s’avère que certains facteurs organisationnels et structurels, ainsi qu’un manque de reconnaissance de la part des supérieurs hiérarchiques sont des freins à la mise en pratique de soins humanisants. Il est donc nécessaire d’envisager l’humanisme tel un processus, basé sur une éthique organisationnelle qui doit être coconstruite avec l’ensemble des acteurs de tous les niveaux ; afin que cette atmosphère soignante imprègne la pratique quotidienne de tout un chacun.


Bibliographic reference |
Coppée, Emmanuelle. L’humanisme au cœur de la pratique quotidienne des soignants: « Quelles sont les stratégies mises en place par le personnel infirmier afin de maintenir des soins humanisants au patient malgré un système de soins contraint ? ». Faculté de santé publique, Université catholique de Louvain, 2021. Prom. : Hesbeen, Walter. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:30919 |