Y a-t-il un lien entre perfectionnisme et flexibilité cognitive ?

« Il semble difficile d’imaginer un perfectionniste flexible » (Shafran & Mansell, 2001, p.896). Par ces mots, les auteurs témoignent de l’apparente contradiction entre la flexibilité et la préoccupation extrême des perfectionnistes par rapport à l’idée de commettre une erreur. La flexibilité cognitive est définie en neuropsychologie comme la capacité à alterner entre des représentations cognitives différentes, et en psychologie clinique comme la capacité à adapter ses réponses de manière flexible pour répondre à des demandes situationnelles ou des buts personnels. Ce mémoire poursuit l’objectif d’étudier le lien que ce construit peut entretenir avec les deux dimensions du perfectionnisme. En effet, la littérature récente du perfectionnisme distingue d’une part les préoccupations perfectionnistes, qui sont largement associées à des conséquences négatives comme la psychopathologie, et les efforts perfectionnistes, qui sont associés à des conséquences tantôt positives et tantôt négatives. Au travers d’une étude empirique à laquelle 74 participants ont pris part, nous avons mis en évidence que les préoccupations perfectionnistes étaient associées à une moins grande flexibilité cognitive alors que les efforts perfectionnistes étaient associés à une plus grande flexibilité cognitive. Notons toutefois que ces résultats n’étaient significatifs que lorsque la flexibilité était évaluée sur base de questionnaires subjectifs, se rapprochant plutôt de la définition clinique de la flexibilité, mais pas dans le cas de mesures objectives, qui se rapprochent plutôt de la définition neuropsychologique de la flexibilité. Des recherches complémentaires semblent nécessaires afin d’évaluer plus finement le lien qui pourrait exister entre perfectionnisme et flexibilité neuropsychologique ou d’envisager les raisons qui sous-tendraient l’inflexibilité clinique de certaines formes de perfectionnisme si ce n’est la flexibilité neuropsychologique.