Enseignant débutant de deuxième carrière: quand insertion rime avec interactions

Ce mémoire s’intéresse à l’insertion professionnelle des enseignants débutants de deuxième carrière. Il retrace le processus auquel nous avons eu recours pour chercher à comprendre les interactions existantes entre ces enseignants et leurs collègues et en quoi elles interviennent durant la période d’apprentissage de leur nouvelle profession. A cette fin, nous nous sommes principalement appuyés sur les articles de Coppe, März et Raemdonck (2019 ; 2020) ainsi que Mukamurera (2008 ; 2011 ; 2012 ; 2013). La littérature scientifique nous apprend que les enseignants de deuxième carrière présentent un éventail de caractéristiques susceptibles de rendre leur entrée en fonction difficile. Elle informe également que les interactions professionnelles avec les collègues sont facilitateurs d’une insertion réussie. Ces constats nous ont conduite à nous intéresser à la dynamique du réseau professionnel dans lequel les enseignants débutants de deuxième carrière évoluaient. Nous l’avons considéré comme une voie de pénétration potentielle vers des ressources sur lesquelles il leur était possible de s’appuyer. Cette réflexion nous a amenée à envisager la théorie du capital social comme moyen pertinent d’alimenter notre recherche. Ce concept étant relativement difficile à concrétiser, nous avons choisi d’utiliser, notamment sur base des travaux de Bogatti et Ofem (2010), les réseaux sociaux comme méthode pour parvenir à l’opérationnaliser sur le terrain. Etant donné notre volonté de comprendre, en profondeur, des interactions sociales dans un contexte particulier, nous avons opté pour une étude de cas. Notre recherche se présente donc comme qualitative, inscrite dans un paradigme socioconstructiviste, à visée compréhensive et interprétative. Dans ce cadre, nous avons réalisé des entretiens avec six enseignants de deuxième carrière d’un même établissement scolaire d’enseignement professionnel et technique du secondaire. Les résultats de notre recherche révèlent la difficulté, pour les participants, d’accéder au capital social disponible chez leurs collègues. La configuration, le fonctionnement et la culture de l’établissement scolaire mais aussi l’organisation par disciplines et/ou options ainsi que la différence de vision portée sur la profession enseignante semblent expliquer cette situation. De ces constats a émergé une question supplémentaire relative à la manière dont l’enseignant débutant de deuxième carrière peut s’insérer professionnellement lorsque son accès au capital social de l’organisation scolaire est restreint. Plusieurs perspectives se dégagent de cette recherche. Nous retiendrons, entre autres, l’intérêt d’élargir la réflexion sur le fossé existant entre les enseignants de première et de deuxième carrière mais aussi sur le lien particulier qui unit ces derniers à leurs élèves. Une recherche future, centrée sur les outils à développer au sein de l’organisation scolaire pour créer un environnement favorable aux interactions professionnelles, nous semble également pertinente.