Metformine et cancer du sein chez la femme : intérêts et mécanismes

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, un homme sur 8 et une femme sur 11 meurent du cancer et le nombre de nouveaux cas prédit pour 2040 s’élève à 29,1 millions de cas, ce qui en fait un problème de santé publique majeur. Près d’un cancer sur 4 diagnostiqué chez la femme est un cancer du sein, soit environ 2,1 millions de nouveaux cas en 2018 à travers le monde (Bray et al., 2018). Le traitement de ce type de cancer, à l’origine très mutilant, a certes beaucoup évolué au court du temps mais il reste toutefois des progrès à réaliser. La metformine, un antidiabétique oral peu couteux, largement utilisé dans la prise en charge du diabète de type 2 et qui possède une bonne sécurité, fut associée à une diminution du risque de cancer et de la mortalité associée pour la première fois en 2005 lors d’études épidémiologiques par Evans et coll. Depuis, de nombreuses études ont été réalisées afin de préciser l’action antitumorale potentielle de la metformine. Il semblerait que le mécanisme d’action principal soit lié à l’action directe de la metformine sur la protéine kinase activée par l’AMP intracellulaire (AMPK), un senseur énergétique de la cellule, qui permet l’inhibition de la mammalian target of rapamycin (mTOR). Toutefois, il existe d’autres effets directs et indirects de la metformine, dépendants ou indépendants de l’AMPK. Plusieurs études précliniques menées sur différentes lignées cellulaires tumorales du sein ont montré des résultats positifs de la metformine sur la viabilité et la prolifération de ces cellules. Malgré ces résultats prometteurs, les études cliniques récentes n’ont pas permis de montrer des effets significatifs de la metformine vs placebo en thérapie adjuvante à une chimiothérapie ni même une synergie entre les deux. Bien que les doses nécessaires à une action antitumorale in vitro soient bien connues, il n’en est pas de même pour les doses nécessaires in vivo. D’avantage d’études sont nécessaires pour confirmer ou infirmer le potentiel antitumoral de la metformine et en préciser l’usage.