L’épisiotomie : Évaluation et étude de son évolution

L’épisiotomie est une intervention chirurgicale réalisée par l’accoucheur. Elle a été instaurée pour élargir la sortie du vagin, faciliter l’accouchement et l’accélérer en cas de souffrance fœtale. Cette technique consiste en l’incision de la muqueuse vaginale et des plans superficiels du périnée. Certaines complications sont possibles telles que l’infection, l’incontinence tant urinaire que fécale ou encore la dyspareunie. L’intérêt de l’épisiotomie est d’éviter une déchirure compliquée du périnée au moment de l’expulsion et/ou de diminuer la phase d’expulsion. Les déchirures du périnée sont de quatre degrés différents en fonction des plans qui sont atteints. Plus le degré est élevé et plus elles sont graves, pouvant entrainer des conséquences non négligeables. L’objectif de ce mémoire de recherche clinique est d’abord de faire le point sur l’évolution de la pratique de l’épisiotomie aux cliniques universitaires Saint-Luc et de connaître l’état du périnée lorsqu’il n’y a pas eu d’épisiotomie. En effet, la non-réalisation d’épisiotomie peut entraîner une déchirure de degrés divers, aspect peu étudié dans la littérature. Nous savons qu’une déchirure du premier degré est préférable à l’incision faite par l’épisiotomie qui est elle-même préférable à une déchirure du 3ème ou du 4ème degré. La question de l’avantage de l’épisiotomie sur la déchirure du 2ème degré et vice et versa reste un débat ouvert qui nécessite un complément d’étude. Afin de répondre à cet objectif, nous avons récolté des données de patientes ayant accouché aux cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles au cours des années 2007, 2017 et 2018. Divers paramètres ont été particulièrement étudiés comme le périmètre crânien du fœtus, l’état du périnée, l’utilisation d’instrumentation, l’âge maternel ou encore la parité. Un paramètre est détaillé pour l’année 2018 : la catégorisation de l’épisiotomie ou de la déchirure. L’étude de ces paramètres a pour but d’évaluer le bien-fondé de la tendance de la pratique actuelle en matière d’épisiotomie et d’identifier les paramètres médicaux influençant significativement cette pratique. Retenons les limites de cette étude dont la principale est la représentativité de l’échantillon récolté, provenant exclusivement de la clinique universitaire Saint-Luc. Lorsque nous analysons la courbe de l’évolution de l’épisiotomie, nous constatons qu’elle est décroissante alors que celles des diverses déchirures et du périnée intact augmentent. Notre première hypothèse selon laquelle les accoucheurs tentent de limiter la pratique de l’épisiotomie est donc confirmée. De plus, concomitamment à cette première hypothèse, la seconde stipulant que le taux de déchirure augmente est également confirmée. Par ailleurs, précisons que la diminution de l’épisiotomie est compensée par une augmentation équivalente de déchirures à suturer mais la plupart de ces déchirures sont de 1er degré, mieux supportées et donc préférables aux épisiotomies. Dès lors, un emploi limité de l’épisiotomie est à encourager. De plus, nous avons mis en évidence certains facteurs de risque d’altération du périnée. Citons la parité, l’usage d’une instrumentation au moment de l’accouchement ainsi que le périmètre crânien du nouveau-né. Nous avons exclu d’autres facteurs de risque comme l’induction du travail et l’âge maternel. Nous pouvons alors émettre qu’une patiente présentant tous ces facteurs de risque, est plus à risque d’une déchirure périnéale. Une épisiotomie serait donc une solution pour éviter une déchirure d’importance moins favorable qu’une épisiotomie. De cette conclusion, nous évoquons une piste à explorer dans l’avenir, qui est d’évaluer les complications en post-partum des déchirures comparées à celles des épisiotomies. Une piste supplémentaire serait d’expliquer aux patientes cet acte médical ainsi que ses conséquences et celles qu’il vise à éviter, afin qu’elles aient une information médicale exacte et ne soient pas influencées par les médias et autres.