Symbolisme musical : la clarinette, ou l'évocation du féminin au travers d’œuvres clés jalons du XIXe siècle

En tant qu’expression de la large palette des sentiments humains, la musique véhicule toujours une signification, qu’il s’agisse d’un élément concret ou d’une simple impression, qu’elle soit narrative ou se revendique pure, existant uniquement pour elle-même, elle instille chez chacun une pensée. Nombreux sont les outils d’expression musicaux, et parmi eux, les instruments de musique, chacun avec leur technique et leur timbre particulier. Souvent utilisés dans un but de représentation ou de personnification, les instruments furent associés à des personnages, des animaux, ainsi qu’à des concepts issus de l’univers mental humain, telles que les oppositions courantes du bien/mal, du clair/obscur, et du masculin/féminin. La clarinette, instrument de la famille des bois, plus jeune que ses compagnons de pupitres que sont la flûte, le hautbois et le basson, s’est développée en apportant une sonorité chaleureuse, douce, et souvent qualifiée d’amoureuse ou sensuelle, proche de la voix humaine. De nombreux compositeurs et théoriciens l’associèrent, grâce à ces facettes de son timbre, à la féminité ou à l’évocation d’un personnage féminin. Ce mémoire aborde la clarinette sous son aspect historique et technique dans un premier temps pour apporter quelques clés d’analyse utiles à la recherche opérée dans les œuvres choisies ensuite. Le cadre dans lequel furent choisis les traités et œuvres étudiés est celui de la société occidentale du XIXe siècle, ayant des conventions établies de caractérisation des genres se transposant dans le milieu musical ; le questionnement aborde l’association tout à fait symbolique, subjective et de l’ordre de l’émotionnel ou du ressenti, d’un instrument avec un caractère genré. Les œuvres principales analysées en deuxième partie se situent aux extrémités antérieures et postérieures du XIXe siècle : les derniers opéras de Wolfgang Amadeus Mozart et le Mandarin Merveilleux de Béla Bartók. Ces analyses formelles et portées principalement sur la place et l’utilisation de la clarinette au sein des compositions sont réalisées dans le but de dégager des pistes de champs lexical musical commun à l’évocation des représentations qu’englobe le concept global de « féminin » dans un contexte socio-culturel et temporel donné.