L'étude des capacités rythmiques chez les personnes qui bégaient

Ce mémoire s’insère dans le cadre d’une recherche exploratoire. Il constitue une recherche d’étude de cas de cinq personnes présentant un bégaiement développemental, en comparaison avec ving-sept personnes contrôles, dans le but d’investiguer le lien entre les capacités rythmiques et le bégaiement. Ce mémoire a aussi pour objectif de revisiter la définition du bégaiement en tant que trouble rythmique isolé de la parole, de voir si le bégaiement est un trouble rythmique général et de déterminer si ce trouble rythmique est spécifique au langage ou plutôt général pouvant toucher d’autres systèmes moteurs. Jusqu’à présent, les études se sont concentrées principalement sur le système moteur rythmique de la parole et du doigt, mais peu ont exploré la motricité rythmique des articulateurs n’impliquant pas la parole. De cette hypothèse d’un déficit du rythme chez les personnes qui bégaient découle une autre hypothèse: l’effet bénéfique d’une aide rythmique externe sur le bégaiement. Trois tâches évaluant les capacités rythmiques touchant respectivement les articulateurs avec et sans parole et le doigt ont été réalisées chez chaque personne qui bégaie à l’aide du paradigme de synchronisation-continuation. Ils ont ensuite réalisé une tâche de description d’images sous trois conditions : avec métronome auditif, métronome tactile et sans métronome. La durée, la variabilité et la précision des intervalles temporels ont également été recueillies en tant que mesures des capacités rythmiques. Le nombre de disfluences et le débit de parole ont été recueillis en tant que mesure de l’effet d’un métronome jouant le rôle d’une aide rythmique externe. Les personnes qui bégaient semblent être plus variables que les personnes ne présentant pas de bégaiement, particulièrement lors de l’évaluation de la sphère buccale avec et sans parole. Enfin, les personnes qui bégaient ayant manifesté des difficultés lors des trois tâches présentent un effet bénéfique quant à l’utilisation d’un métronome lors de la description des images, quelle que soit la modalité.