L'invention chrétienne du péché

On impute à l’enseignement sur le péché tel qu’il s’est développé dans l’occident chrétien, en particulier avec la doctrine du péché originel, le tort d’avoir fait peser sur les consciences le fardeau écrasant de la culpabilité, qui serait une invention de prêtres. Le “fardeau de la culpabilité” induit par certains discours chrétiens n’est pas qu’une vue de l’esprit. Mais est-ce bien à cette doctrine du péché qu’il faut l’attribuer ? Par lui-même l’enseignement chrétien sur le péché n’invite-t-il pas tant à la culpabilité qu’à la responsabilité ? Le mal qu’on appelle péché n’est-il pas ce mal devenu pardonnable et qui n’est plus irrémédiable ? Le péché, n’est-ce pas le mal aperçu dans sa nature relationnelle, comme rupture des relations d’alliance avec Dieu et des relations de solidarité humaine ? Faire le départ entre mal et péché, n’est-ce pas pour la liberté humaine le moyen d’échapper à l’indétermination de l’obscur, d’une manière qui fasse droit à l’ambiguïté du monde et à la complexité des situations ? Face à l’universalité du mal, le langage du réalisme n’est-il pas plus opératoire qu’un angélisme béat ? L'ouvrage propose une réflexion pluridisciplinaire sur la question de la faute et du péché. David Banon (Strasbourg et Lausanne) proposera une interprétation juive des Écritures, Les différents degrés de la faute ; une spécialiste de saint Augustin, Isabelle Bochet (Paris), présente des Lectures augustiniennes de Genèse 3 : le péché d’Adam et ses conséquences ; un analyste de la culture occidentale et du monde actuel, Jean-Claude Guillebaud (Paris) offre un exposé intitulé "Se méfier de l’innocence" ; un psychanalyste, Philippe Van Meerbeeck (UCL) intitule sa contribution "C’est si bon que c’en est presque un péché" ; Nathalie Frogneux (UCL), spécialisée en anthropologie philosophique, décrit "L’imposture du moi idéal" ; sans oublier bien sûr les théologiens : Joseph Famerée (UCL), pour une introduction globale à La problématique, Jean-Marie Sevrin (UCL), pour une approche exégétique de L’Évangile de Jean, le gnosticisme et le péché, et Benoît Bourgine (UCL), pour une réflexion de théologie dogmatique intitulée L’Évangile selon Adam.