Lemaire, Véronique
[UCL]
(eng)
This Phd is dedicated to the theatrical contemporary stage design (the "scenography") and to the "effect of real" that it can produce, not with realistic data but virtual ones, based not on a mimetic translation, but on a sensitive one.
The research is based on 3 theatrical performances:
"Kwartet" (writted by Heiner Müller), directed and designed by Peter Missotten (Belgique, 2007) ;
"Je tremble (1 et 2)", writted and directed by Joël Pommerat and designed by Éric Soyer (France, 2007) ;
"Riesenbutzbach. Eine Dauerkolonie", writted and directed by Christoph Marthaler, and designed by par Anna Viebrock (Allemagne, 2009).
(fre)
Étymologiquement, la scénographie désigne l’art de peindre le mur de la skénè qui clôt le théâtre grec. Cette pratique s’est fortement développée au fil des siècles au point de devenir, dès l’époque classique, une des composantes majeures de la représentation théâtrale. Le terme qui la désigne s’éloigna alors de son étymologie au bénéfice des termes de « décoration » et de « décor » avec tout ce que ces appellations ont fini par sous-entendre d’illustratif et de factice. La fin du XIXe siècle laisse une place prépondérante au "décor" fondé sur un réalisme naturaliste qui altère la dualité entre l'objet présent sur scène et son référent réel, en allant jusqu'à représenter la réalité par les moyens de la réalité. Durant le XXe siècle, les diverses esthétiques théâtrales qui ont exploré différentes manières de représenter le monde ont fait réapparaître le terme scénographie dans le langage théâtral pour désigner non seulement les éléments scéniques qui composent la représentation ("décor", éléments de jeu, accessoires, son, lumières), mais également ce qui réfère à l'organisation du rapport établi entre la scène et la salle. La scénographie est dès lors un point de vue sur le texte; elle a pu être définie comme de la "dramaturgie en matière".
Notre recherche porte sur l'effet de réel que peut produire la scénographie théâtrale contemporaine.
Le questionnement qui a donné l'impulsion à cette thèse trouve sa source dans le constat que, contre toute attente, malgré le déni que le théâtre d'Art (non commercial) à voué au réalisme scénique au cours le XXe siècle, les recherches de certains metteurs en scène et scénographes ouvrent aujourd'hui à de nouvelles formes de réalisme, non plus fondées sur l'imitation, mais sur l'effet. Et, alors que le réalisme scénique du XIXe siècle reposait sur une relation mimétique entre l'objet représenté et son référent réel, la dualité qui les distinguait, si minime fût-elle, maintenait l'objet représenté dans un statut fictionnel, c'est-à-dire factice. À l'inverse, par la combinaison d'éléments scéniques (virtuels, sonores, lumineux) dont l'objectif n'est pas de créer une relation mimétique entre l'objet représenté et son référent réel, la scène contemporaine parvient à produire des effets de réels qui outrepassent ceux qu'escomptaient les formes de réalisme traditionnelles. Autrement dit, en ayant recours à des moyens virtuels, synthétiques et factices combinés, on obtient le vrai, tout du moins son impression.
Ceci nous amène à poser l'hypothèse de l'apparition d'une forme nouvelle de réalisme naturaliste qui, parce qu'elle échappe à la dualité qui s'établit entre l'objet représenté sur scène et son référent réel, parviendrait à produire sur scène le vrai tant recherché par le naturalisme historique mais cette fois non par la forme: par la sensation.
Notre démonstration repose sur l'étude de trois cas d'espèce:
Kwartet (version néerlandaise de Quartett) de Heiner Müller, mis en scène et scénographié par Peter Missotten (Belgique, 2007) ;
Je tremble (1 et 2), écrit et mis en scène par Joël Pommerat et scénographié par Éric Soyer (France, 2007) ;
Riesenbutzbach. Eine Dauerkolonie (Riesenbutzbach. Une colonie permanente), écrit et mis en scène par Christoph Marthaler, scénographié par Anna Viebrock (Allemagne, 2009).
Elle débute par la définition des termes qui la parcourent: "réalité", "réel", "effet de réel", ainsi que celui de "scénographie" et des notions qui fondent son étude: "le rapport scène/salle", "l'espace scénique", "le lieu".
La démonstration se réfère ponctuellement à du matériel iconographique (photos de spectacles, plans et maquettes des spectacles)inclus dans le corps de l'ouvrage. Les annexes fournissent photos, fiches techniques, plans, mais également les DVD des spectacles ainsi que les entretiens que nous avons effectués avec chacun des trois scénographes. En cela, les annexes constituent une documentation inédite.


Bibliographic reference |
Lemaire, Véronique. Réalité et effet de réel dans la scénographie théâtrale contemporaine : (1990-2010). Prom. : Besson , Jean-Louis ; Freydefont, Marcel |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/71996 |