Kim, Nam Van
La thèse cherche à décrire l'ecclésiologie de J. Moltmann, qui présente l'Église du Christ comme " une Église de l'espérance "", à laquelle toutes les confessions chrétiennes sont appelées à prendre part.
Mais peut-on encore parler aujourd'hui d'espérance ? La question se pose en philosophie depuis cinquante ans et, en théologie, depuis les années soixante. Cette interrogation est devenue récurrente, pour plusieurs raisons. D'abord parce que, de par sa nature, l'être humain n'est jamais satisfait de ce qu'il possède: il aspire toujours à autre chose. Ensuite, parce qu'avec le concile Vatican II, l'Église catholique a ouvert les portes de l'espérance tant à ses membres qu'au reste du monde, suivie en cela par les communautés protestantes à travers l'action du Conseil oecuménique des Églises. D'autre part, le développement des dialogues interreligieux et oecuméniques est un signe d'espérance, pointant vers l'unité des chrétiens et de l'humanité. On notera d'autre part, que les situations actuelles de violence et de guerre provoquent les religions, l'humanité et chaque individu à agir pour la paix et l'unité. Dans ce contexte, la mondialisation, favorisée par les développements médiatique, technologique et économique, stimulent les peuples à construire un avenir meilleur. Enfin, la conscience de la dégradation de l'environnement incite à chercher des solutions en vue d'assurer la survie de la création. Plus fondamentalement, si la personne humaine se définit non seulement à partir de son passé, mais aussi en fonction de son avenir, il est inconcevable de ne pas espérer l'amélioration du monde.
Pour être réellement une Église de l'espérance, une double tâche s'impose aux chrétiens. D'abord puiser à la source première: Jésus Christ, mort sur la croix et, ressuscité, dont on attend le retour définitif. D'autre part, anticiper par des actes l'avenir du Royaume annoncé. C'est dans cette perspective qu'on doit poser la question de la nature et de la mission de l'Église. Concernant sa nature, Moltmann se base sur une vision christocentrique: " Sans Christ, il n'y a pas d'Église ". À propos de la mission, Moltmann propose une perspective théocentrique. Il affirme que l'Église doit se penser et s'intégrer dans l'histoire de la relation de Dieu avec le monde, une histoire qui déborde celle de la seule Église. L'Église appartient au Royaume de Dieu, et tout ce qu'elle réalise doit être fait en vue de l'advenue de ce Royaume. C'est pourquoi l'Église devrait abandonner toute tendance absolutiste ou totalitaire. Il lui faut s'engager activement dans le monde, en travaillant à l'avènement d'un monde plus juste.
Quant à la réforme interne de l'Église, Moltmann se réfère à l'Esprit Saint. Ce dernier est unique, mais ses dons sont divers: l'Église devrait donc ouvrir des possibilités à chaque chrétien, pour qu'il soit vraiment missionnaire, en fonction de sa vocation propre et des dons reçus. Les éléments constitutifs de l'Église que sont la hiérarchie et/ou les ministères ordonnés ne devraient pas constituer les données essentielles. Il faut d'abord tenir compte des grâces propres au sacerdoce universel et aux autres ministères, car tous les baptisés se doivent de participer à la mission commune. Dans cette perspective, les ministères ordonnés ne doivent pas être séparés des autres fonctions ecclésiales.
J. Moltmann propose une Église eschatologique de l'espérance, en ce qu'elle est fondée sur l'histoire de Jésus et qu'elle vise sa parousie. Elle accomplit sa mission en harmonie avec le plan divin universel du salut. L'Esprit Saint guide l'Église et l'aide à rester fidèle à sa nature profonde et à accomplir sa vocation. L'ecclésiologie de J. Moltmann ne peut être que trinitaire.
Bibliographic reference |
Kim, Nam Van. A church of hope in the light of the eschatological ecclesiology of Jürgen Moltmann. Prom. : Weber, Philippe |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/5397 |