La police namuroise dans la Révolution brabançonne, 1787-1792. Acteurs et pratiques au regard de la protestation populaire

Renglet, Antoine [UCL]

Entre 1789 et 1791, La Révolution brabançonne et les États belgiques unis qui l’ont suivi jouent un rôle d’accélérateur dans un processus au long cours de passage d’une police englobante à une police d’ordre. Dans le cas de Namur, plusieurs crises auxquelles la lieutenance de police est confrontée durant ces années donnent à voir la manière dont les partisans, opposants et autres acteurs longtemps invisibles d’une révolution, ont infléchi la police de ces temps troubles dans son organisation autant que dans ses pratiques. En octobre 1789 en effet, les autorités namuroises font face à l’enrôlement de nombreux volontaires dans l’armée des patriotes brabançons. Fidèles à la monarchie autrichienne, elles réagissent en outre en adaptant le dispositif policier à la lutte contre la circulation des libelles et à la collecte de renseignements utiles au démantèlement du système de recrutement. Quelques mois plus tard, durant la république des États belgiques, les autorités locales, épurées et remplacées par des individus ayant ouvertement soutenus la révolution, étoffent à leur tour l’appareil policier et orientent ses activités vers la lutte contre toute forme d’opposition politique. Enfin, au cours de cette période, la lieutenance de police se met davantage au service des représentants du pouvoir central et devient une cible privilégiée de protestations virulentes de la part de la population.