Venturelli, Eléonore
[UCL]
Face au deuil, les affinités spirituelles comme intellectuelles se révèlent dans toute leur profondeur. La mort d’un maître touche indéniablement son étudiant, qui voit son modèle, tant en matière de connaissances, d’éthique, mais aussi de foi, disparaitre. C’est notamment dans les rouleaux mortuaires que l’historien trouve la démonstration de cette filiation intellectuelle forte entre scolares et magistri, si chère aux médiévaux occidentaux. La présente communication cherchera, d’une part, à relever et caractériser l’empreinte écrite du milieu scolaire sur les rouleaux mortuaires entre le milieu du Xe siècle et le milieu du XIIe siècle ; d’autre part, elle visera à souligner les liens unissant maîtres et élèves par-delà la mort. 1. L’appropriation scolaire des rouleaux mortuaires Primo, je définirai les rouleaux mortuaires comme des monuments mémoriels souples et itinérants. Après avoir exposé leur origine et leur justification, je reviendrai plus précisément sur les particularités de la pratique des rouleaux mortuaires : la mobilité, leurs caractéristiques matérielles, leurs éléments fondamentaux constitutifs. Secundo, je montrerai l’imbrication entre le monde scolaire et la production textuelle des rouleaux mortuaires. Pour ce faire, je prendrai par ordre chronologique diverses traces explicites de la participation active des magistri ou scolares aux titres des rouleaux des morts. Tertio, j’appréhenderai les titres comme des supports didactiques et des exercices de style, au travers de deux exemples : d’abord, d’un manuscrit à finalité didactique (B.N.F. lat. 8874), ensuite, des exercices de style présents dans le rouleau mortuaire de Mathilde. 2. Un dernier témoignage d’affection : la louange du maître défunt Premièrement, j’analyserai les encycliques, lettres circulaires annonçant le trépas, qui s’inspirent des genres hagiographique et panégyrique. Elles célèbrent la mémoire de l’enseignant, dont les qualités reconnues sont glorifiées. L’entourage du maître trépassé s’attache à l’encenser en louant sa sagesse et son érudition. Deuxièmement, j’étudierai plus précisément le riche dossier que constitue le rouleau de Bruno, pour lequel certains écoliers ont rédigé des titres honorifiques en souvenir de leur maître bien-aimé. Je conclurai sur l’importance de la filiation intellectuelle, qui survit à la mort.


Bibliographic reference |
Venturelli, Eléonore. De l’exercice scolaire à la louange du maître : le concours de l’école aux rouleaux mortuaires (milieu du Xe siècle-milieu du XIIe siècle).Faire école au Moyen Âge Maîtres et élèves, Orient et Occident (IVe-XVIe siècle) (Lyon, 01/07/2022). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078/264503 |