Somon, Matthieu Guy Michel
[UCL]
À partir de quelques œuvres de Rembrandt qui thématisent explicitement la vue et ses limites (l’histoire de Tobit, les Pèlerins d’Emmaüs) et en examinant aussi un ensemble de portraits de l’artiste et de portraits féminins particulièrement loués aux époques modernes et contemporaines (Portrait de l’artiste au chevalet, Femme à sa fenêtre et Portrait d’Hendrickje Stoffels au béret de velours), on tâchera de dégager l’apport théorique de l’œuvre de Rembrandt en matière de perception visuelle. En examinant les rapports entre figures et fonds et l’économie des contours que crée l’artiste dans quelques-unes de ses peintures et de ses eaux-fortes, on essaiera de montrer que s’y joue une exploration de la perception qui le distingue de ses devanciers, moins attentifs que lui au caractère processuel et graduel de la vue. Une incursion dans les écrits théoriques de son disciple Samuel van Hoogstraten (1627-1678)1 révèle quels étaient les modèles cognitifs dominants en matière de perception visuelle dans l’entourage de Rembrandt et permet d’apprécier sa singularité dans la restitution du processus perceptif dans ses œuvres à partir de l’agencement de la réserve et des contours, pour le cas de l’eau-forte, et dans les échanges entre figure et fond dans le cas des peintures. On terminera par un contrepoint avec les natures mortes de Chardin, qui revisitent ce genre a priori voué à la précision. Si Michael Baxandall a mis en évidence le recours à l’accommodation dans ses scènes de genre à travers la variation calculée du degré de précision de son pinceau (notamment dans sa Femme buvant du thé)2, on n’a pas considéré la poétique originale du peintre dans ses natures mortes, dans lesquelles il tend à recréer à son tour dans les matières colorées le processus perceptif, semé d’imprécisions, fait d’ajustements, plutôt que le résultat « clair et distinct » d’objets précisément ancrés dans l’espace et identifiables. On étudiera donc les espaces indéterminés dans les natures mortes de Chardin et leur fonction vis-à-vis du « théâtre d’objets » (Démoris)3 qui fait le sujet de ses tableaux


Bibliographic reference |
Somon, Matthieu Guy Michel. La vue en ses limites. Rembrandt et Chardin..Optique, Lettres et Arts : une herméneutique critique ? (Toulouse, Université Jean Jaurès, du 16/09/2021 au 18/09/2021). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/256979 |