Connaissance pratique et connaissance de soi

Il ne fait aucun doute que j’entretiens, en tant qu’agent, un rapport spécial à mes propres actions. Celles-ci m’engagent précisément parce qu’elles sont miennes et celles-ci sont miennes dans la mesure où il dépend de moi de les effectuer. Elizabeth Anscombe a caractérisé ce rapport spécial d’un agent à ses propres actions au moyen de la notion de savoir pratique. Ce savoir ou cette connaissance pratique renvoie à l’autorité que j’ai pour rendre compte de mes propres actions dans la mesure où elles sont miennes. Cette connaissance a ceci de spécial qu’elle ne se fonde pas sur une quelconque observation et qu’elle est sensible à l’erreur pratique. Or, plusieurs philosophes contemporains, en particulier Richard Moran, ont voulu étendre ce concept de savoir pratique du domaine de l’action à celui de la connaissance de soi. Cet article s’interroge sur la légitimité et les limites d’un tel déplacement.