Saintes, Laetitia
[UCL]
La chute de Napoléon, en 1814, marque l’entrée de la France dans un régime d’opinion. Il s’agit là du résultat d’une mutation significative de la culture politique, qui voit le discours sur la chose publique gagner l’espace extra‐parlementaire, donnant lieu à des formes de discours codifiées opposées à celles du débat politique officiel. Sortant de l’hémicycle pour investir la rue, la parole sur la chose publique change de nature en changeant de lieu d’exercice ; dans ce cadre, le pamphlet de la première moitié du XIXe siècle apparaît comme le catalyseur et le fruit privilégié de cet abandon progressif des formes longues de l’éloquence politique. Suivant les pas de Germaine de Staël, Benjamin Constant et surtout François‐René de Chateaubriand, précurseurs de la parole pamphlétaire moderne, Paul‐Louis Courier fait du pamphlet une forme de parole codifiée et stabilisée, avec sa rhétorique, ses images et ses protagonistes (le « je » pamphlétaire en particulier). Or la place centrale accordée à la figure de l’auteur pose la question de la légitimité de la pratique polémique, et notamment des stratégies mises en place par les pamphlétaires pour justifier leur entreprise de dénonciation ; c’est à ces interrogations qu’on consacrera notre propos.


Bibliographic reference |
Saintes, Laetitia. Paroles pamphlétaires dans le premier XIXe siècle (1814-1848). Honoré Champion : Paris (2022) (ISBN:978-2-7453-5687-1) 744 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/249507 |