Van Nieuwenhuysen, Jean-Pierre
[UCL]
Etat bucco-dentaire de la population
Il est difficile de situer la présente étude dans le « concert » des études européennes et cela essentiellement parce que les indices de carie utilisés dans les différents études ne sont pas nécessairement comparables ; en effet les critères de diagnostic de la carie peuvent différer largement d’une étude à l’autre. L’ambiguïté des critères de diagnostic de la carie décroît avec l’âge et avec le développement des lésions précoces vers des lésions carieuses plus prononcées.
Les différences enregistrées entre la présente étude et les études examinées à propos de l’indice CAO des faces proximales semblent moins marquées que celles concernant les puits et fissures des faces occlusales.
Il y a une plus grande uniformité de diagnostic en ce qui concerne la denture temporaire.
En modulant les critères, l’indice CAO observé actuellement en Belgique correspond à celui qui existait il y a 5 ou 10 ans dans les pays organisant une prophylaxie généralisée. Les indices CAO dans l’étude de 1983-1986 correspondent en gros à ceux enregistrés dans les années 1975-1978 pour des pays comme la Suisse. C’est dans la classe d’âge de 5 à 12 ans que la différence est plus flagrante. En terme de nombre de dents cariées, la différence est de l’ordre d’une à deux dents cariées en plus dans notre population par rapport aux situations les plus favorables.
La gravité de la situation est évidente pour les tranches d’âge de 5 à 12 ans, mais ne progresse pas entre 15 et 20 ans ; dans ces classes d’âge, les indices observés dans l’étude de 1983-1986 semblent se confondre avec ceux des différentes études présentées précédemment.
La quantité de soins dispensés en denture permanente est faible par rapport aux besoins de la population étudiée, notamment lorsqu’elle est comparée à celle des pays scandinaves ou des U.S.A. En denture temporaire, la situation en matière de soins dentaires est encore plus dramatique qu’en denture permanente, avec environ 80% de faces dentaires non soignées.
Bien plus qu’une denture permanente, toute variation d’indices cod ou cof est difficile à interpréter et devrait être analysée en fonction du nombre de dents temporaires présentes. La signification de l’indice co peut paraître contradictoire. Un indice co élevé peut signifier un délabrement important de la denture temporaire. Il peut également être le résultat de la persistance d’un plus grand nombre de dents temporaires sur l’arcade. On peut également se demander si la persistance dans le temps d’un plus grand nombre de dents temporaire sur l’arcade, avec son corollaire direct de réduction du nombre de dents permanentes présentes en bouche, ne pourrait avoir un effet réducteur sur l’indice CAO ? Si cet effet se produit, il doit néanmoins être faible, puisque l’éruption des dents permanentes les plus cario-susceptibles, à savoir les premières molaires, n’est pas précédée par la chute de dents temporaires.
En denture temporaire, le pic de croissance de l’indice co est déterminent non par sa valeur absolue, mais par sa position dans le temps. C’est lui qui régit les progrès en matière de santé des dents temporaires.
En denture permanente, la mesure CAOD/DTPRS présente un intérêt dans toute étude sir des sujets dont l’âge est dispersé.
Les résultats de l’étude montrent que la situation socio-économique des parents a une influence sur la prévalence des lésions carieuses, notamment en ce qui concerne les soins réalisés et l’accès aux soins.
Parmi trois objectifs poursuivis par l’O.M.S. pour l’an 2000, seul le troisième est véritablement atteint dans notre population, à savoir 85% de la population âgée de 18 ans ayant toute ses dents.
Effet de la fluoruration
Effet de fluoruration
A partir des années 1970 se manifeste de façon indiscutable dans les pays précédemment cités une diminution de la carie dentaire. Cette diminution est associée principalement aux fluorures et à la généralisation de leur emploi sous différentes formes (eau de distribution, sel fluoré, comprimés fluorés, dentifrices fluorés,…). La diminution de la carie touche aussi bien les régions où l’eau est fluorée (naturellement ou artificiellement) que les régions non fluorées (ou à fluoruration non contrôlée). Dans ces dernières, l’explication la plus couramment avancée est l’usage répandu des dentifrices fluorés. Il est clair que l’emploi de comprimés fluorés est d’un intérêt limité du point de vue santé publique, puisqu’il ne concerne qu’une tranche de population réduite et de niveau socio-économique privilégié.
L’ampleur de la diminution de la carie est telle que la fluoruration de l’eau peut l’expliquer à elle seule, sans une évolution et une modification des critères de diagnostic (DEPAOLA et coll., 1981). Pour KOCH (1982) et BIRKELAND et BRAGELIEN (1987), l’impact de cette évolution des critères est négligeable.
Cette étude confirme, si cela était nécessaire, l’efficacité des fluorures pour combattre la carie dentaire. Les enfants bénéficiant d’une eau fluorée, comme ceux absorbant régulièrement des comprimés fluorés, présentent un indice CAO plus faible que celui des autres enfants.
Il est évident que les fluorures ne peuvent expliquer à eux seuls la bonne santé dentaire et que d’autres facteurs interviennent (en particulier l’organisation du système de santé, comme dans les pays scandinaves), sans qu’il soit toujours possible de les préciser. La différence entre la région fluorée et la région non fluorée est statistiquement significative, mais elle est loin d’atteindre l’ampleur enregistrée dans les autres études. Il est raisonnable de penser que la différence tend à s’estomper du fait notamment de la généralisation de la prophylaxie fluorée. Une comparaison basée sur le taux de fluorures urinaires semble préférable à la comparaison des régions.
En dépit d’un effet peu spectaculaire dans l’étude de 1983-1986, la prise de fluorures constitue, à l’heure actuelle, la méthode la plus efficace de prévention contre la carie


Bibliographic reference |
Van Nieuwenhuysen, Jean-Pierre. Etat bucco-dentaire d'une population scolaire âgée de 5 à 21 ans et effet de la fluoration. Prom. : D'Hoore, William ; Vreven, José |
Permanent URL |
https://hdl.handle.net/2078.1/247681 |