Maniratunga, Serge
[UCL]
La fréquence des thyroïdites augmente chez les personnes âgées et dans les pays où l’apport en iode est élevé, après administration d’iode pour prophylaxie du goitre, par exemple. Pour mieux comprendre les mécanismes de cette augmentation, un modèle de thyroïdite par induction d’un goitre suivi de son involution par administration d’iode a été réalisé. Ce modèle a été testé chez des souris jeunes ou âgées, de souche ICR et chez les souris de souche NOD, faisant spontanément un diabète auto-immunitaire de type I. De plus, l’effet de l’administration d’une cytokine, l’interféron-γ a été analysé.
au cours du vieillissement chez la souris ICR femelle, le nombre de follicules non fonctionnels augmente, les lysosomes secondaires et les inclusions de lipofuscine s’accumulent dans les follicules actifs et une amyloidose de type A se développe. Le nombre de cellules interstitielles exprimant l’antigène d’histocomptabilité de classe II (Ia+) augmente significationvement et certaines cellules folliculaires deviennent positives les taux plasmatiques de T4 diminuent significativement, ceux de la T3 ne sont pas modifiés.
Ces la souris ICR âgée, le développement du goitre est associé à une augmentation significative du nombre des cellules Ia+, alors que, chez la souris jeune, ce nombre reste inchangé. L’involution du goitre est associée chez les souris jeunes et âgée à une augmentation importante du nombre de cellules Ia+. Dans les deux cas, la réaction inflammatoire est transitoire. La nombre de ces cellules régresse progressivement pour atteindre le niveau basal après 96 jours d’involution.
Les effets de l’interféron sont d’ordre morphologique, immunologique et fonctionnel. L’interféron provoque chez les souris jeunes et âgées des dilations de réticulum endoplasmique rugueux et une apoptose folliculaire. Il entraîne en outre, chez le souris ICR âgée une disparition brutale des lysosomes secondaires et des inclusions de lipofuscine qui ne réapparaissent que 60 jours après l’arrêt du traitement. L’interféron provoque chez le souris jeune et âgée, une augmentation spectaculaire du nombre de cellules interstitielles Ia+ et induit l’expression aberrante de la Ia sur les cellules folliculaires de la souris ICR normale.
L’apparition du même modèle de goitre – involution chez la souris NOD, susceptible aux troubles auto-immunitaires, induit après 64 à 96 jours d’un régime fortement iodé, une thyroïdite permanente, destructrice avec apparition d’anticorps circulants. On y trouve des cellules Ia positives présentatrices d’antigène, des lymphocytes CD4+, CD8+ et qui expriment le récepteur à l’IL-2 ainsi que des lymphocytes B reconnus par l’anticorps monoclonal B220. La même dose d’iode provoque une thyroïdite non destructrice, avec production d’auto-anticorps, chez la NOD non goitreuse. Contrairement à la souris ICR, l’interféron est incapable d’induire chez la souris NOD, une expression aberrante des molécules Ia sur les cellules folliculaires. L’interféron, seul, ne provoque pas non plus de thyroïdite destructrice mais induit la synthèse d’auto-anticorps chez les souris normales et goitreuses. Il renforce par contre l’effet de l’iode dans la destruction de la glande par la thyroïdite.
En conclusion, nous avons développé un modèle de thyroïdite permanente chez la souris après administration d’iode. Dans ce modèle, deux facteurs, la susceptibilité génétique et une forte dose d’iode après un goitre, sont nécessaires pour obtenir des lésions glandulaires importantes
Bibliographic reference |
Maniratunga, Serge. Rôle de l'âge, de l'interferon-gamma et de la susceptibilité génétique dans la genèse de la thyroïdite induite par l'iode. Prom. : Many, Marie-Christine ; Denef, Jean-François |
Permanent URL |
https://hdl.handle.net/2078.1/247550 |