Au travail! Colonisateurs et colonisés au Congo belge: entre exploitations et résistances

L'auteur explore dans son essai les conditions de travail, les formes que celui-ci revêt, ainsi que les implications de l’oppression et l’exploitation coloniale sur les structures sociales des sociétés congolaises. L’auteur nous rappelle combien la colonisation belge, loin de la mission civilisatrice qu’elle prétendait être, fut avant tout une entreprise visant l’accumulation primitive du capital, au profit de la métropole et principalement de ses classes possédantes. Il démontre également que les tentatives de reproduction du modèle social belge furent importantes et laissent encore des traces dans des lois, arrêtés et dispositifs légaux actuels. Prendre la mesure de ces tentatives de transposition permet d’en évaluer les impacts sur les blocages et les potentiels actuels.

Janvier 1957 : la liberté syndicale est décrétée au Congo belge. Un moment historique pour les défenseurs du progrès social. Et pour la Belgique, qui se présente comme un modèle de référence en matière sociale dans les colonies, c’est un nouveau fleuron à mettre à son actif. Un arbre jonché de discours humanistes et coloré de propagande coloniale appelant au progrès et à l’amélioration du bien-être des Congolais qui cache une grande forêt aux contours nettement moins reluisants. Depuis la création de l’État Indépendant du Congo en 1885, le travail forcé, les brimades, les discriminations raciales ou autres, sont le lot quotidien des Congolaises et Congolais au travail dans cette immense territoire de l’Afrique centrale. En fait, les profondes inégalités économiques et sociales, tolérées, voire encouragées par l’État colonial, demeurent une constante tout au long de l’histoire du Congo belge Elles ont brisé des populations et des vies entières. Cet essai historique pose les principaux jalons de cette histoire du monde du travail et ses acteurs dans toute sa complexité, ses failles, ses faiblesses et ses évolutions, parfois positives, depuis la fin du 19e siècle jusqu’aux lendemains de l’indépendance en 1960. Entre exploitations et résistances, les colonisateurs et les colonisés interagissent pour donner une profondeur à la fois humaine et tragique à cette histoire.