Lorelle, Paula
[UCL]
Qu’entendre par phénoménologie « matérielle » ? Cette expression désigne habituellement le projet phénoménologique original exposé par Michel Henry dans l’ouvrage de 1990 et qui entend, contre l’hylétique husserlienne, faire retour au mode de phénoménalité propre à l’impression, en deçà de son appréhension intentionnelle. Mais, comme cette étude espère d’abord le montrer, la radicalité de ce retour tient moins au caractère non intentionnel de l’impression, conçue comme auto-affection, qu’il ne tient à son caractère absolument non modifié. Henry s’appuie ici sur une lecture des Leçons de 1905 de Husserl sur le temps, selon laquelle toute modification de l’impression relèverait déjà, en elle-même, d’une appréhension intentionnelle. Or, comme ils’agira ensuite de le suggérer, la modification de l’impression pourrait n’être pas déjà synonyme de son appréhension. La lecture par Levinas des Leçons de 1905 y décèle une différence originaire et non intentionnelle, immanente à la sphère impressionnelle — la présence d’une altération, d’une altérité ou d’une transcendance, immanente à l’impression. Cette lecture ne rouvre-t-elle pas la « tâche immense » d’une phénoménologie matérielle, en deçà de l’aporie à laquelle semble la conduire le dualisme ontologique de Henry ?
Bibliographic reference |
Lorelle, Paula. Qu’est-ce qu’une phénoménologie matérielle ? Henry et Levinas : l’impression et sa modification . In: Bulletin d'Analyse Phénoménologique, Vol. XVI, no.5, p. - (2020) |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/240419 |