Les déterminants de la santé subjective dans les pays baltes au cours des années 1990

(eng) After the collapse of the Soviet Union, the Baltic countries experienced abrupt changes in life expectancy. This study focuses on self-rated health and its possible determinants, taking advantage of the Norbalt Living Conditions Surveys carried out in 1994 and 1999 and of the Estonian Health Interview Survey carried out in 1996. Using structural equation modeling and directed acyclic graphs, the similarities and the differences were examined among the three countries both in the values of the parameters of the model and in the sample populations? prevalence rates. A major result of the study is the remarkable stability of the model whatever the country, year, gender or age group.

(fre) Le contexte : A la fin des années 1980, les niveaux de mortalité dans les pays baltes connaissent de fortes fluctuations. Après une courte période d'augmentation de l'espérance de vie pendant la campagne antialcoolique de Gorbatchev de 1985, un déclin est amorcé dès 1988, déclin qui s'accentue en 1993 et 1994. Puis, à partir de 1995 l'espérance de vie reprend une phase ascendante. Cette évolution chaotique de la mortalité touche surtout les hommes et s'explique principalement par des modifications de la mortalit�� violente et cardiovasculaire (Meslé et Hertrich, 1999). L'objectif : Cette étude a pour objet les déterminants de la santé subjective dans les trois pays baltes au cours des années 1990 et ses objectifs sont tout à la fois, d'examiner les taux de prévalences de la santé subjective et de ses déterminants, et de mesurer les influences de ces déterminants sur la santé subjective, ces deux éléments combinés expliquant les niveaux de santé subjective. Les variations de ces déterminants dans le temps et dans l'espace sont analysées, de même que les différences selon le sexe, l'âge, l'origine ethnique ou le comportement à l'égard de l'alcool. Les données Les données des deux enquêtes Norbalt Living Condition Project réalisées simultanément dans les trois pays baltes en 1994 et 1999 ont été utilisées. Les données de l'Estonian Health Interview Survey, la première enquête estonienne de santé, réalisée en 1996 ont également été analysées, afin de confirmer les résultats obtenus à l'aide des données Norbalt et de mieux opérationnaliser certains concepts du modèle. La méthodologie : Dans une approche structurelle, un modèle explicatif de la santé subjective reposant sur des équations multiples a été développé. L'état de santé physique des individus est pris en compte, de même que leur santé psychologique, leur consommation d'alcool. Le modèle intègre aussi le locus de contrôle, le niveau d'instruction, le soutien social et l'accès au système de soins. Les analyses ont été réalisées à l'aide du logiciel Amos 7.0. Les résultats : Entre 1994 et 1999, la santé subjective et psychologique s'améliore pour tous, à l'exception notable de la population masculine de Lettonie. Le modèle fait preuve d'une grande stabilité et les résultats obtenus à partir de l'enquête estonienne confirment le plus souvent ceux des enquêtes Norbalt. Quelle que soit la population considérée, les relations entre santé physique, santé psychologique et santé subjective sont toujours très fortes. L'état de santé physique, mais psychologique aussi, influence considérablement l'évaluation que font les individus de leur état de santé. Par ailleurs, la santé physique pèse également sur la santé psychologique. Un autre paramètre dont la valeur est particulièrement élevée est celui reliant niveau d'instruction et locus de contrôle : plus les individus sont instruits, plus leur locus est de type interne. Quant à la consommation d'alcool, son rôle sur la santé subjective au sein des populations considérées dans leur ensemble est de prime abord surprenant : plus le niveau de consommation est élevé, meilleure est la santé perçue. Mais lorsque le modèle est testé sur la seule population des consommateurs d'alcool, ce lien n'apparaît plus comme significatif ; cela semble soutenir l'hypothèse selon laquelle les individus en mauvaise santé physique ne boivent pas ou ont cessé de boire.