Tant, Cédric
[USL-B]
La communication tire son origine d’un constat inspiré par un projet de thèse analysant le discours critique des politiques à l’encontre des journalistes en France et en Belgique francophone. Notre expérience tend en effet à montrer que l’appréhension et la mobilisation de l’analyse de discours par les SIC – et plus particulièrement par la communication politique – tendent à confronter le·la chercheur·euse à un certain nombre de difficultés et tensions. De façon théorique, voire paradigmatique, nous postulons que l’analyse de discours, qui constitue un champ disciplinaire protéiforme , mobilise un objet, le langage, qui en plus d’être lui-même multidimensionnel porte une valeur agissante (Austin, 1971 ; Butler, 1990 ; Wittgenstein 1980). Cette caractéristique contraint le·la chercheur·euse à établir une analyse de discours ayant pour objet ni un texte ni un langage mais des « modalités de l’action » (Krieg-Planque, 2013). Or, la littérature scientifique qui porte l’analyse de discours gravite essentiellement autour de travaux de linguistique. Il convient dès lors de poser la question suivante : peut-on réaliser, en SIC, une analyse de discours qui s’éloignerait suffisamment du texte pur sans pour autant dénaturer ce type de recherche ? Notre projet de thèse offre des éléments de réponse à cette interrogation que nous souhaitons mettre ici au jour de façon très succincte et discuter plus longuement lors de la journée des jeunes chercheurs. Alors que notre recherche vise à étudier des situations d’énonciation, des pratiques discursives et sociales plus que des unités linguistiques, nous prenons une certaine distance avec une recherche uniquement textuelle dont les composantes – la langue, la syntaxe et le vocabulaire, notamment – n’établissent pas un énoncé au sens où Foucault (1969) l’entend. Par conséquent, dans la lignée de Pêcheux (1969) ou encore Foucault, (1969), nous imaginons une analyse non pas bâtie à partir d’un texte seul, pris dans un système clos, mais qui prend en compte le contexte de production du discours, autrement dit, l’interdiscours . C’est pourquoi, nous nous distinguons dès lors d’une linguistique de la langue pour nous rapprocher de celle du discours (Charaudeau, 2009). Selon nous, cet exercice appréhende plus justement les mots ou formules linguistiques en ce qu’il permet d’en saisir de façon plus efficace notamment les enjeux sous-jacents (Le Bart, 2014). Nous pouvons dès lors nous distancier du texte tout en conservant une approche d’analyse de discours.


Bibliographic reference |
Tant, Cédric. L’Analyse de discours en SIC : entre linguistique de la langue et linguistique du discours.Journée Jeunes Chercheurs en SIC (Lille, France, du 24/05/2019 au 24/10/2019). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.3/221223 |