Marsily, Aurélie
[UCL]
L’atténuation est un moyen de minimiser la force illocutoire d’un énoncé. Elle se traduit par un panorama très vaste de ressources. Pour cette étude, nous basons notre typologie de l’atténuation sur les propositions d’Alcón-Sóler et al. (2005), Escandell Vidal (2005) et Briz & Albelda (2013). L’objet d’étude est la perspective comme moyen d’atténuer les énoncés. Il en existe quatre types différents : la perspective du locuteur, du récepteur, des deux ou l’impersonnelle, lorsqu’aucun des participants n’est mentionné. Les hypothèses pour cette étude pilote sont multiples. Tout d’abord, nous postulons que les apprenants francophones ont tendance à s’adresser en mettant en avant leur propre perspective, c’est-à-dire qu’ils formulent leurs requêtes en première personne (Kerbrat-Orecchioni 1990). Ensuite, la deuxième hypothèse suggère que les espagnols expriment leurs requêtes du point de vue du récepteur et que ce facteur est lié au caractère direct de la culture espagnole, comme plusieurs auteurs le mentionnent (Cenoz 1999 ; Le Pair 1996). Enfin, la troisième hypothèse concerne les perspectives impliquant les deux locuteurs et celle dite impersonnelle. Nous imaginons que ces deux perspectives sont choisies lorsque le locuteur souhaite se distancier de ses propos ou les généraliser, ou encore lorsqu’il doute des termes d’adresses à utiliser ou qu’il souhaite les éviter. L’étude pilote compare les différences de perspective dans la formulation de requêtes en espagnol par des apprenants francophones et par des espagnols. Pour ce faire, l’analyse se base sur deux corpus. D’une part, des ‘jeux de rôles naturalisés’ (Tran 2006) entre professeur et étudiant. Ce corpus contient des interventions de locuteurs natifs et non-natifs de l’espagnol. L’objectif de ces jeux de rôles alternatifs est de proposer des parties de discours authentiques et spontanées car l’attention de l’étudiant est détournée du réel centre d’intérêt de l’étude. En effet, l’étudiant pense être sollicité à produire une tâche écrite alors que des difficultés lui sont présentées, le contraignant à formuler des requêtes (absence de matériel pour écrire, photocopie illisible, etc.). D’autre part, le corpus se forme de requêtes écrites (Written Discourse Completion Task) par des apprenants francophones et par des espagnols natifs. En effet, la moitié des étudiants prenant part aux jeux de rôles naturalisés doivent produire une tâche portant sur la formulation de requêtes par écrit, tandis que l’autre moitié se voit assigner une rédaction sur le thème de la famille. Le but est de vérifier, dans un premier temps, s’il existe bel et bien un priming pour le premier groupe et si cela a une influence sur leurs requêtes orales au cours du jeu de rôle, surtout d’un point de vue de l’atténuation et plus particulièrement sur la perspective de ces requêtes. Dans un second temps, le but de cette méthode est également de vérifier si les étudiants mettant par écrit des requêtes les formulent de manière semblable qu’à l’oral. En effet, les situations écrites proposées ressemblent à celles auxquelles ils sont confrontés à l’oral. Les résultats de ces expériences permettront donc de comprendre les différences entre la production et la perception de requêtes d’une part et entre la production écrite et orale d’autre part.
Bibliographic reference |
Marsily, Aurélie. 'Could you lend me a pen?' vs. 'May I borrow a pen?': Perspective as a means of request mitigation.CBL (Louvain-la-Neuve). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/186136 |