La structure du commentaire de l'évangile de Jean de saint Thomas d'Aquin

(fre) Cette thèse de doctorat présente la structure du Commentaire sur le quatrième évangile effectué par saint Thomas d’Aquin. Ce type de structure médiévale comprend, comme le veut l’usage de l’époque, un prologue général, la présentation de l’intentioauctorisainsi qu’une divisiotextus. Ce travail a la particularité de traiter de toutes ces composantes et dans leur détail. Une première partie introductive présente l’objet et les méthodes de l’étude. Concernant les méthodes, l’auteur établit un état de la question des différentes méthodologies de travail utilisées par les chercheurs lorsqu’ils analysent cette structure médiévale (ou seulement l’une de ces trois composantes). Sont examinées les études thomistes à partir de l’époque où elles se sont intéressées à cet ouvrage de Thomas, c’est-à-dire à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui. Cette rétrospective montre qu’il existe un manque : la structure du Commentaire sur l’évangile de saint Jean est moins étudiée et moins connue que celle d’autres œuvres de Thomas, principalement en raison de méthodes de recherche moins unifiées et qu’il conviendrait d’utiliser de façon plus étroite, selon le modèle que constitue les méthodologies thomasiennes existant pour analyser la structure des sommes ou du commentaire des Sentences. Cette thèse présente donc, dans sa première partie, la constatation d’un manque. Puis, de la deuxième à la quatrième partie, elle constitue un humble pas en avant en vue de combler ce manque, en proposant une première présentation approfondie de la structure de cet ouvrage médiéval, tout en mettant en pratique les méthodes ciblées précédemment comme utiles. La deuxième partie du travail montre comment les différentes parties de l’ouvrage sont intitulées, comment elles sont agencées et quelles sont les informations qui en ressortent. or il s'avère que Thomas présente principalement Dieu, ainsi que toutes les réalités à partir de Dieu, en tant qu’il est leur principe et leur terme. C’est exactement l’organisation qui marque la structure des œuvres que les chercheurs qualifient de “synthèse théologique” (organisation structurelle qu’on ne retrouve pas, comme telle, dans les autres ouvrages de Thomas). Il faut donc considérer le Commentaire sur saint Jean non seulement comme un commentaire biblique (c’est le genre littéraire auquel il appartient), mais aussi comme une synthèse théologique (qui est une vue de l’esprit, une qualification données par les chercheurs à certains ouvrages de l’Aquinate, ces ouvrages pouvant appartenir à différents genres littéraires). La troisième partie du travail compare les différentes synthèses entre elles, en y ajoutant le Commentaire sur Jean. Il faut savoir que les chercheurs se sont basé depuis plus de soixante-dix ans – et à juste titre – sur la structure des synthèses théologiques, en les comparant entre elles, pour déterminer les grandes lignes de la pensée de Thomas et aussi l’évolution de sa pensée au cours de sa vie. Donc prouver qu’il existe une synthèse supplémentaire, c’est renouveler le regard que la recherche thomiste pose sur (ce que l’on pense être) les éléments importants de sa pensée. Les missions des personnes divines, en particulier, ont été grandement soulignées par les chercheurs et elles sont, certes, un point important de la structure de la Somme de théologie. Mais ce travail de doctorat montre que l’importance du concept de mission n’est qu’une étape dans la pensée de Thomas qui, à la fin de sa vie, met plutôt l’accent sur la puissance et beaucoup moins sur la mission. La quatrième partie de la thèse montre que les concepts qui sont mis en valeur dans la structure du Commentaire sur le quatrième évangile, à savoir principalement la puissance, la lumière et la gloire du Verbe, sont aussi présentés avec insistance dans le contenu de l’œuvre (expositiotextus). Comme dans toutes les autres synthèses de Thomas, ce qui est mis en valeur dans la structure est sollicité, dans le contenu, pour exposer la causalité de la personne divine, en tant que personne, à l’égard des réalités de ce monde. Selon une approche trinitaire de la causalité divinequi marque fortement chaque synthèse.