Debruyne, Emmanuel
[UCL]
Entre 1940 et 1944, des milliers de personnes ont pratiqué en Belgique occupée une forme particulière de résistance à l'Occupant: l'espionnage. Organisés en réseaux aux dimensions très variées (de quelques dizaines à plusieurs milliers d'agents, dans le cas de Zéro et de Luc-Marc), ces résistants ont consacré leurs efforts à la collecte et à la transmission d'informations concernant tantôt les forces armées ennemies, et tantôt la situation politique ou économique, ou encore l'état d'esprit de la population en pays occupé. La réception et la mise en circulation de ces informations était assurée par la Sûreté de l'Etat, rétablie à Londres par le gouvernement belge en exil, et le Secret Intelligence Service britannique, qui s'efforçaient également de coordonner les efforts des réseaux et de soutenir leurs activités en leur faisant parvenir agents, matériel et financement. Cette thèse se propose d'étudier ce phénomène selon différentes approches. Il s'agit d'abord d'envisager le sujet de manière fonctionnelle et globale. La formation, le développement et l'organisation des réseaux sont étudiés dans un premier chapitre, de même que la répression à laquelle ils ont été soumis. Sont ensuite envisagés les liens qui unissent ces réseaux à leurs employeurs. Le deuxième chapitre étudie la Sûreté de l'Etat et sa place dans la communauté du renseignement, les communications entre Londres et le pays occupé, l'établissement et l'évolution de la relation entre ces employeurs et les hommes de terrain, et la problématique du financement. Un troisième chapitre étudie les informations proprement dites, en s'intéressant à la nature de celles-ci, au cycle du renseignement dans lequel elles s'insèrent et à leur éventuelle utilisation. Les deux derniers chapitres privilégient une approche essentiellement humaine du phénomène. Le quatrième chapitre étudie les rapports entre le renseignement et la société belge. Il envisage l'enracinement du phénomène dans les diverses dimensions de celle-ci, aussi bien géographiques que culturelles, sexuelles ou socio-professionnelles. Les rapports entre les réseaux relationnels constituant la société et la structuration des réseaux clandestins de renseignement est notamment envisagée. Enfin, le dernier chapitre se focalise sur les agents eux-même. Il analyse les valeurs et les motivations qui les animent, leur rapport à cette activité particulière que constitue l'espionnage et les implications de la pratique de celui-ci dans leur vie quotidienne. Une troisième approche, transversale à l'étude, s'intéresse à l'inscription du phénomène dans la durée. Cette dimension temporelle traverse les différents chapitre, mais elle est particulièrement au coeur du prologue et de l'épilogue, qui s'intéressent respectivement aux périodes précédant ou suivant l'Occupation.


Bibliographic reference |
Debruyne, Emmanuel. La maison de verre : agents et réseaux de renseignements en Belgique occupée (1940-1944). Prom. : van Ypersele, Laurence |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/149832 |