Gallez, Jean-Pol
[UCL]
(fre)
Bien qu’il ait considérablement évolué depuis quelques décennies, le débat relatif au rapport foi / raison continue à alimenter la réflexion théologique. L’enjeu pour tout théologien soucieux de l’épistémologie de sa discipline consiste à montrer que la raison humaine est engagée dans l’acte de foi. Habitée par ce souci, la présente recherche vise à préciser le statut épistémologique de la théologie parmi les rationalités contemporaines. Dans un monde occidental marqué par la « mort de Dieu », la tâche apparaît d’autant plus urgente que les concepts théologiques traditionnels, notamment celui de « révélation », sont devenus flous, voire inaccessibles à l’homme contemporain. L’imposant ouvrage de Joseph Moingt – Dieu qui vient à l’homme (Paris, Cerf, 2002, 2005 et 2007) – constitue une contribution majeure et récente en ce sens. Le propos croise un geste de théologie fondamentale et de théologie systématique en opérant une relecture du dogme catholique à l’intérieur d’un vaste récit de la révélation trinitaire. Deux aspects de la pensée de l’auteur ont particulièrement retenu notre attention. Moingt propose, d’une part, de comprendre la Révélation à l’aide du concept d’ « humanisme évangélique ». Le rôle théologique que joue ce concept ainsi que la façon dont il permet de spécifier le christianisme ont été examinés. D’autre part, Moingt met amplement en œuvre un rapport critique à la Tradition. Cette posture théologique ne laisse pas d’affecter la rationalité de la théologie en même temps qu’elle révèle une dimension peu envisagée de l’acte de croire. Nous avons vérifié l’impact de ces deux éléments au plan de la scientificité de la théologie et, partant, de la capacité de celle-ci à rencontrer les autres savoirs. Notre hypothèse soutient que ces deux facteurs contribuent à retrouver les intuitions de foi sous-jacentes au discours dogmatique traditionnel et qu’ils ouvrent davantage l’acte théologique à la raison commune dans une perspective qui respecte mieux l’économie de l’Incarnation. Ces deux paramètres ont trait au fond et à la forme de l’acte théologique. Pour cette raison, ils ouvrent ce dernier à de nouveaux chantiers. Ils imposent, notamment, de reprendre la question, fortement débattue, du double statut ecclésial et universitaire de la théologie. C’est pourquoi nos recherches se penchent également sur le débat relatif à la distinction entre la théologie et les sciences des religions, d’un côté, ainsi que sur le caractère ecclésial de la théologie, de l’autre côté. Ce second élément a conduit à étudier l’ecclésiologie fondamentale de J. Moingt que ce dernier aborde avec le souci très marqué de résorber la crise actuelle de communication entre l’Église et le monde. Notre recherche veut montrer que la pertinence scientifique de la théologie dépend étroitement d’un alliage serré entre, d’une part, la reconnaissance de la fécondité de la tradition de foi qui porte le croyant et, d’autre part, l’exigence d’un rapport critique à l’endroit de la pensée et de la vie de l’Église. La fécondité de l’hypothèse est double. Elle fait émerger une raison interne à l’acte de croire chrétien qui postule un lien étroit entre le principe d’une « foi critique » et celui d’une « théologie confessante » et elle conforte la pleine appartenance de la théologie aux sciences dites « humaines » en tant que science herméneutique de l’acte de foi.
Bibliographic reference |
Gallez, Jean-Pol. La rationalité de la théologie selon Joseph Moingt : une lecture de "Dieu qui vient à l'homme". Prom. : Bourgine, Benoît |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/134845 |