Nsabimana, André
[UCL]
Le secteur de la microfinance connaît de profondes mutations depuis les dix dernières années. Ces mutations sont principalement induites par la dynamique de croissance et les besoins en matière de gouvernance et de financement qui en résultent. Sur le plan du financement, les institutions de microfinance (IMF) doivent assurer une liquidité à très court terme, en raison de la nature même de leur activité, et sont confrontées à une insuffisance des ressources pour les projets à moyen terme. De plus en plus, elles recourent aux lignes de crédit bancaires et, pour celles ayant une taille suffisante, aux fonds étrangers. La nature du risque de taux d’intérêt, du risque de taux d’échange et du risque de liquidité a changé. La gestion Actif – Passif des IMF doit s’adapter. Les outils de couverture de risque (fonds de garantie, produits dérivés, …) et les instruments de financement hybrides (obligations à taux zéro, obligations convertibles, finance mezzanine, …) pourraient permettre de réduire l’exposition des IMF à ces risques. La question qui se pose concerne l’accessibilité de ces instruments, dans un contexte de sous-développement financier, et leur incidence sur le coût des ressources. Le but de cet article est d’étudier les modes de financement disponibles sur le marché de la microfinance dans un contexte de croissance et d’évolution des approches microfinancières. L’article analyse les instruments hybrides de la finance utilisés dans la gestion de l’Actif – Passif des intermédiaires financiers et montre comment ces instruments pourraient assurer un financement durable des IMF à un coût supportable. Les instruments financiers hybrides combinent, dans des proportions variables, les caractéristiques de la dette (ou des dépôts) avec les celles des fonds propres. Elles permettent à l’émetteur de disposer des ressources à moyen et long terme et un partage de risque avec l’investisseur. Ce dernier reçoit un rendement qui est souvent supérieur au taux de marché et, dans des conditions qu’il peut contrôler et en fonction de la performance de l’IMF, il peut devenir actionnaire. Appuyés par des mécanismes de garantie et des incitants fiscaux, ces instruments pourraient être moins coûteux que la dette bancaire. Ces instruments concernent, le plus souvent, les investisseurs institutionnels locaux (banques, sociétés d’assurances, sociétés publiques, IMF, entreprises locales, …) mais aussi les investisseurs particuliers dans le cadre, par exemple, des transferts par des migrants. Cette articulation pourrait contribuer au renforcement du contrôle du management des IMF, mieux que ne peuvent le faire les épargnants individuels, souvent petits par la taille et dénoués de connaissance en matière de gestion et de capacités pour contrôler les IMF.


Bibliographic reference |
Nsabimana, André. Les instruments financiers hybrides dans le financement de la microfinance : opportunités ou menaces . In: Harison, Victor ; Ratsimbazafy, Claudine, Mutations entrepreneuriales, L'Harmattan 2010 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/128792 |