Vandenbroucke, Jacques
[UCL]
(eng)
In 1930, barely sixteen years after 1914, the Ministry of Belgian National Defense edited a voluminous book on the "Defense of the fortified position of Namur in August 1914." But at the start of this research, 56 years after the 18 days campaign of May 1940, the role of Namur had not led to any global historical study. Only testimonies of veterans in local journals, brief monographs by forts associations and well documented articles in the Namur’s press had been published. For the first time, based on the systematic analysis of Belgian, French and German public archives, on previously unpublished private and iconographic sources (the archives of the General Deffontaine), and on over 300 oral testimonies, this thesis describes in detail the defense of the fortified position of Namur in 1940.
At the end of the Great War, the Belgian defense system inherited from Brialmont having proved its ineffectiveness; the demilitarization of the Meuse‘s forts is planned (FNP being abolished in 1924). But remedying 1914’s defects, and under the leadership of General Galet, military authorities agree to restore old forts. Necessary appropriations approved by the parliament in 1931, the forts are upgraded according to some principles: new weaponry and cuirassiers’ reinforcement, improved ventilation and transmissions, observation posts’ increase. Southern lock position intended to break the enemy offensive in the center of Belgium, FNP will have an important garrison in 1939 by the constitution of the 7th Army Corps commanded by Lieutenant-General Deffontaine, former No. 2 of the General Staff (fortress of Namur Regiment, 8th Infantry Division and 2nd division of Ardennes Hunters).
Having clarified the defensive organization of FNP, the thesis deals with the officers and soldiers’ training in the infantry companies schools and artillery school-battery of Suarlée, every day life on the infantry troops and forts gunners’ ground during the "phoney war" punctuated by successive alerts: inside the fort and cantonment, at the staff, among the inhabitants, in the shelters, the D system, military work, the morale of "those who watch", cultural and sports activities, the vagaries of weather, Christmas 1939 holidays, ceremonies, acute snooping... The major steps that lead to the explosion of 1940 are reviewed: the maneuvers of FNP in 1937, P.P.R. 1938 (strengthened peace footing), the establishment of progressive war of FNP in April-May 1940. During mobilization, FNP will take the appearance of an armed camp surrounded by trenches, barbed wire, and pillboxes. The special character of "Silent Night" from 9 to May 10 1940 is analyzed: the restoration of permissions (thinning before the storm), the general alarm (real alert or exercise?), the reaction of the 7th Army Corps, battle’s stations...
On May 10, the Reich invaded Belgium. Namur witnesses the arrival of French elements within the Dyle maneuver: the 1st Blanchard Army in North and Prioux Cavalry Corps 2nd Light mechanical Division, South 9th Corap Army. In 1940, the defense of FNP is divided into two phases of unequal length: from 10 to May 15, she awaits the shock of the enemy; from May 15, following the retirement of the infantry, the forts, left to themselves, are ordered to resist utmost. May 12 is a milestone symbolized by many events: the aerial bombardment of Namur, the mass exodus of the population, burning forts barracks, the Ardennes Hunters fatal rally in Temploux, the departure of Governor Bovesse for Florennes, the passage of the 7th Belgian Army Corps under the authority of the French General Altmayer. On May 13, the Germans crossed the Meuse at Houx eventually causing the collapse of the 9th Army forcing French troops to leave the FPN on May 15 and move to Flanders. At the same time, the German divisions "test" the periphery of FPN. The first forts to endure the fire of the 269th Infantry-Division will be those of FPN North, namely Marchovelette and Suarlée. About the forts of the South and the Entre-Sambre-et-Meuse, they will face the General Renner’s 211th Infantry-Division. During those battles, solidarity plays as much as possible between the forts of Namur. Gradually dismantled by bombing aviation and artillery, gradually deprived of their means of defense, short of ammunition, immersed in an unbreathable atmosphere because of the ventilation system’s failur, the forts will resign themselves to lay down their arms. Fort Dave will last until May 24, the first cease-fire being Marchovelette on May 18. The garrison forts then take the direction of Stalags and Oflags.
The conclusions are the following: What was until now the place reserved for the FPN and forts resistance in the historiography of the 18 days campaign? On May 10 1940, how was ordered alert? Was FPN ready? What were the French-Belgian military relations in Namur from 10 to May 15 1940? Are there similarities or differences between August 1914 and May 1940? What were the consequences of the retirement of May 15? How was the forts’fall effect? Why and how the governor Bovesse left Namur May 12, 1940? What was the mentality of Namur‘s Belgian soldier in 1939-1940? Did FPN resisted utmost in the light of the conclusions of the Commission of forts of 1946-1947?
(fre)
En 1930, seize ans à peine après 1914, le ministère de la Défense nationale belge éditait un volumineux ouvrage consacré à la “Défense de la Position fortifiée de Namur en août 1914”. Par contre, à l’entame de cette recherche, 56 ans après la Campagne des 18 jours de mai 1940, le rôle joué par Namur n’avait toujours pas suscité d’étude historique d’ensemble. Seuls avaient été publiés des témoignages d’anciens combattants au sein de revues locales, des monographies succinctes par les amicales des forts et des articles bien documentés dans la presse namuroise. Basée pour la première fois sur l’analyse systématique des archives publiques belges, françaises et allemandes, sur des sources privées et iconographiques inédites (les archives du général Deffontaine) et sur plus de 300 témoignages oraux, cette thèse décrit en détails la défense de la P.F.N. en 1940.
Au sortir de la Grande Guerre, le système défensif belge hérité de Brialmont ayant fait la preuve de son inefficacité, la démilitarisation des forts de la Meuse est planifiée (la P.F.N. est supprimée en 1924). Mais sous l’impulsion du général Galet, les autorités militaires s’accordent pour restaurer les ouvrages anciens en remédiant aux défauts de 1914. La Chambre ayant voté les crédits nécessaires en 1931, les forts sont modernisés selon quelques grands principes : nouvel armement et renforcement des cuirassements, amélioration de la ventilation et des transmissions, augmentation des postes d’observation. Verrou méridional de la position destinée à briser l’offensive ennemie au centre de la Belgique, la P.F.N. sera dotée d’une garnison importante par la constitution en 1939 du VIIe corps d’armée commandé par le lieutenant-général Deffontaine, ancien n° 2 de l’état-major général (Régiment de forteresse de Namur, 8e division d’infanterie et 2e division de Chasseurs ardennais).
Après avoir explicité l’organisation défensive de la P.F.N., la thèse aborde l’instruction des cadres et des soldats au sein des compagnies-écoles d’infanterie et de la batterie-école d’artillerie de Suarlée, la vie quotidienne sur le terrain des fantassins des troupes d’intervalles et des artilleurs des forts durant la « drôle de guerre » rythmée par les alertes successives : au fort et en cantonnement, à l’état-major, chez l’habitant, dans les abris, le système D, les travaux militaires, le moral de « ceux qui veillent », les activités culturelles et sportives, les aléas de la météorologie, Noël 1939 et les congés, les cérémonies, l’espionnite aiguë… Sont passées en revue les étapes majeures qui conduisent à la déflagration de 1940 : les grandes manœuvres de la P.F.N. en 1937, le P.P.R. de 1938, la mise sur pied de guerre progressive de la P.F.N. en avril-mai 1940. Durant la mobilisation, la P.F.N. prendra l’allure d’un camp retranché ceinturé de tranchées, de barbelés, d’abris bétonnés. Le caractère particulier de la « douce nuit » du 9 au 10 mai 1940 est analysé : le rétablissement des permissions (l’éclaircie avant la tempête), l’alerte générale (alerte réelle ou exercice ?), la réaction du VIIe corps d’armée, les postes de combat…
Le 10 mai, le Reich envahit la Belgique et Namur assiste à la montée en ligne des éléments français dans le cadre de la manœuvre Dyle : au Nord la 1re armée Blanchard et la 2e division légère mécanique du corps de cavalerie Prioux, au Sud la 9e armée Corap. En 1940, la défense de la P.F.N. se répartit en deux phases d’inégale longueur : du 10 au 15 mai, elle attend le choc de l’ennemi ; à partir du 15 mai, par suite de la retraite des troupes d’infanterie, les forts, livrés à eux-mêmes, ont ordre de résister à outrance. Le 12 mai constitue une date charnière symbolisée par de nombreux événements : le bombardement aérien de Namur, l’exode massif de la population, l’incendie des baraquements des forts, le funeste rassemblement des Chasseurs ardennais à Temploux, le départ du gouverneur Bovesse pour Florennes, le passage du VIIe corps d’armée belge sous l’autorité du général français Altmayer. Le 13 mai, les Allemands franchissent la Meuse à Houx provoquant à terme l’effondrement de la 9e armée obligeant les troupes franco-belges à abandonner la P.F.N. le 15 mai et à se diriger vers les Flandres. Dans le même temps, des divisions allemandes « testent » la périphérie de la P.F.N. Les premiers forts à subir le feu de la 269e infanterie-division seront ceux de la P.F.N. Nord, à savoir Marchovelette et Suarlée. Quant aux forts du Sud et de l’Entre-Sambre-et-Meuse, ils affronteront la 211e infanterie-division du général Renner. Durant ces combats, la solidarité jouera autant que possible entre les ouvrages namurois. Démantelés progressivement par les bombardements de l’aviation et de l’artillerie, privés peu à peu de leurs moyens de défense, à court de munitions, plongés dans une atmosphère irrespirable par suite des défaillances du système de ventilation, les forts devront se résigner à mettre bas les armes. Le fort de Dave se rendra le dernier, le 24 mai, le premier à cesser le feu étant Marchovelette le 18 mai. La garnison des forts prendra alors la direction des Stalags et Oflags.
Les conclusions portent sur les points suivants : Quelle était jusqu’aujourd’hui la place réservée à la P.F.N. et à la résistance des forts dans l’historiographie sur la Campagne des 18 jours ? Le 10 mai 1940, comment fut reçu l’ordre d’alerte ? La P.F.N. était-elle prête ? Quelles furent les relations militaires franco-belges à Namur du 10 au 15 mai 1940 ? Existe-t-il des similitudes ou des différences entre août 1914 et mai 1940 ? Quelles furent les conséquences de la retraite du 15 mai ? Comment s’effectua la chute des forts ? Pourquoi et comment le gouverneur Bovesse quitta-t-il Namur le 12 mai 1940 ? Quelle était la mentalité du soldat belge à Namur en 1939-1940 ? La P.F.N. résista-t-elle à outrance au regard des conclusions de la Commission des Forts de 1946-1947 ?


Bibliographic reference |
Vandenbroucke, Jacques. La Position fortifiée de Namur (P.F.N.) en mai 1940. Prom. : Dumoulin, Michel |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/114791 |