Détermination des cinétiques de minéralisation d'engrais organiques

Dans le contexte de transition vers une économie circulaire, l’Union Européenne a adopté un nouveau cadre juridique harmonisé autour des engrais organiques qui entrera en vigueur en 2022. Ce décret encourage le recyclage de différentes matières organiques considérées jusqu’alors comme des déchets et qui pourront acquérir un nouveau statut de matières premières valorisables en agriculture. Parmi ces engrais organiques, on retrouve notamment des digestats de biométhanisation d’origines diverses et pouvant faire l’objet de post-traitements variés. Ces produits sont encore peu connus et il convient d’améliorer nos connaissances à leur sujet pour les inclure de manière pertinente dans le cadre légal du PGDA et de manière générale dans des conseils de fertilisation éclairés.D’autre part, la clé de classification des engrais organiques selon leur rapidité d’action en vigueur actuellement dans le code de l’eau est remise en question. En particulier, les critères sur lesquels elle s’appuie ne permettent pas de mener systématiquement différents échantillons d’une même famille d’engrais organiques à la même classification. C’est dans le contexte de proposition de révision de cette clé de classification que s’insère ce travail de mémoire. Pour parvenir à améliorer notre compréhension des dynamiques d’action des engrais organiques, il est utile d’avoir recours à l’étude des cinétiques de minéralisation de ces matières. C’est ainsi que ce travail de mémoire a consisté à étudier les cinétiques de minéralisation du carbone et de l’azote de différents engrais organiques par le biais d’incubation en conditions contrôlées de laboratoire selon la norme FD U44-163. Les objectifs posés par ce projet étaient triples : Tenter de mieux comprendre les effets éventuels des facteurs liés à l’origine et aux post-traitements de digestats de biométhanisation, déterminer si un échantillon composite de fumier bovin peut être considéré comme représentatif des échantillons individuels qui le composent et tenter d’aboutir à une classification globale des engrais organiques se basant sur des critères de cinétiques de minéralisation du carbone et de l’azote. Les résultats des cinétiques de minéralisation obtenus ont été différents que ceux attendus à priori et s’expliquent par la méthode employée et les conditions opératoires qu’elle implique. Ces résultats nous permettent de comparer les produits entre eux et de conclure d’une part qu’un échantillon composite de fumier bovin semble bien représentatif de l’ensemble des fumiers qui le constituent en termes de minéralisation du carbone. D’autre part, les digestats de biométhanisation, complets et traités par séparation de phases, présentent une valeur fertilisante azotée nette positive dont l’intensité peut, dans le cas des digestats complets, sans doute être reliée à leur origine et de ce fait, indirectement à leur taux de matière sèche. Après analyse des résultats, il s’est avéré que la limite d’utilisation de la méthode employée dans le cadre de ce travail se situait dans la simulation de la minéralisation de l’azote des engrais organiques en conditions réelles et que l’expérimentation en champ restait utile. La dénaturation des matières organiques induite par cette méthode est en particulier visée. En termes de perspectives, il en ressort que l’étude de l’effet de différentes granulométries d’engrais organiques sur les cinétiques de leur minéralisation serait intéressante dans l’optique de l’amélioration des méthodes d’incubations en laboratoire.