"C'est pas mon genre" : introduction à la psychologie de la "transsexualité et récit d'un devenir trans'

A travers ce travail de mémoire nous aborderons, sous divers aspects, la question de la dite « transsexualité ». Nous tenons à remarquer que ce mémoire est de nature qualitative et est réalisé dans une démarche exploratoire. C’est pour cette raison, essentiellement, que « plutôt qu’à tester une hypothèse, il veut servir à faire émerger des hypothèses » (Legrand, 1989). Pour ce faire, nous avons décidé de traiter ce thème à travers la problématique suivante : Qu’est-ce que la psychologie a à dire sur la dite « transsexualité » sans pour autant en être discréditante ? (Sironi, 2011). Ainsi, dans un premier temps, nous aborderons dans une partie introductive les différentes notions et autres concepts que nous rencontrerons tout au long de ce travail. Nous nous attarderons aussi, lors de cette introduction, sur des considérations historiques, ethnologiques et mythologiques. Puis, dans un second temps, à travers une partie théorique, nous effectuerons une revue de littérature des différentes considérations psychopathologiques existantes sur la question qui sera soumise à une lecture critique. Nous prêterons alors une attention particulière à l’apparition et l’évolution du concept de « transsexualité » dans les classifications internationales (DSM, CIM), en nous demandant s’il ne s’agit pas, aujourd’hui, d’ une nosographie devenue obsolète (Alessandrin, 2012). Puis nous nous arrêterons sur des considérations plus psychanalytiques. Il s’agira alors de nous demander s’il est possible d’envisager la question transgenre et « transsexuelle » à travers une organisation ou structure psychique spécifique à ces phénomènes. En ce sens, nous viendrons remettre en question les élaborations théoriques de Colette Chiland (1997, 2003) abordant la question sous l’angle d’une organisation limite, ou encore celles de l’Ecole Lacanienne (Czermak M., Frignet H. et coll., 1996) considérant la question au travers d’une structure psychotique. Nous proposerons ensuite certaines ouvertures théoriques en nous inspirant d’une vision plus « psycho-anthropologique », par l’intermédiaire de réflexions soumises par Jean Laplanche (2003), ou encore « ethnopsychiatriques » en nous référant notamment à Françoise Sironi (2011). A cet égard nous vous proposerons une esquisse concernant l’élaboration d’un modèle théorique permettant de mettre en relief les différentes hypothèses ayant émergé de notre travail. Enfin, dans un troisième et dernier temps, nous vous soumettrons, dans une partie clinique, notre travail de recueil et d’analyse d’un récit de vie d’une personne trans’, nous permettant, dans une dynamique théorico-clinique, de postuler certaines hypothèses.