L'entrainement attentionnel : une intervention psychologique visant à réduire les inquiétudes

Introduction : Différents troubles psychologiques sont caractérisés par un mode de pensée centré sur soi et inflexible (Wells, 2000). Afin de pallier ce mode de pensée, Wells (2000) propose un entrainement attentionnel (ATT). Le premier objectif de ce mémoire a été d’examiner l’efficacité de deux techniques d’ATT : un ATT standard (Wells, 2000) utilisant uniquement des stimuli externes (des sons) et un ATT adapté ayant recourt à des stimuli externes (des sons) et internes (des pensées). Ce dernier intègre le mécanisme de flexibilité de source, qui est la capacité à coordonner son attention entre une information externe et une information interne (Gilbert, Frith & Burgess, 2005). Le deuxième objectif a été de comparer les deux techniques entre elles. Un dernier objectif a été d’explorer les facteurs psychologiques pouvant être liés à la flexibilité de source. Méthode : 27 participants, sélectionnés sur base de leur score d’inquiétudes (PSWQ > 46), ont suivi huit séances soit d’ATT standard (n = 14) soit d’ATT adapté (n = 13). Des questionnaires d’autoévaluation ont mesuré les inquiétudes, l’anxiété, les métacognitions, les affects positifs et négatifs, la suppression et l’intrusion de pensées, le contrôle attentionnel et l’impulsivité. Des tâches cognitives ont évalué la flexibilité de source, la flexibilité attentionnelle, la vitesse de traitement et la mémoire de travail. Résultats : Une diminution des inquiétudes, de l’anxiété, des métacognitions et de la tendance à la suppression et à l’intrusion de pensées ainsi qu’une augmentation du contrôle attentionnel sont observées sur l’échantillon au complet. Une baisse de l’anxiété, des métacognitions et un accroissement du contrôle attentionnel sont perçus dans les deux groupes d’ATT alors qu’une diminution des inquiétudes est remarquée uniquement dans le groupe d’ATT adapté. Les groupes ne diffèrent pas quant à leurs performances aux tâches cognitives. En outre, certaines variables de flexibilité de source sont corrélées à certaines facettes de l’impulsivité. Ces corrélations varient en fonction de divers facteurs, ce qui ne permet pas de tirer de conclusions à partir des résultats obtenus. Conclusion : La présente étude plaide en faveur d’une efficacité de la technique d’ATT. Toutefois, il n’est pas possible de conclure qu’une technique d’ATT est supérieure à l’autre. Cela pourrait être expliqué par le fait que les deux réduisent les métacognitions dysfonctionnelles et améliorent le contrôle et la flexibilité de l’attention. Néanmoins, des recherches ultérieures sont nécessaires afin de répliquer et d’affiner les résultats reflétant l’efficacité de l’ATT et de mieux comprendre le rôle des processus sous-tendant les pensées répétitives, particulièrement celui du mécanisme de flexibilité de source.