Une psychologie du groove ? Origine et fonctions psychosociales de la synchronisation musicale collective

Que signifie “avoir du groove” ou “être dans le groove”? Une chose est sûre: nous en avons tous fait l’expérience avant de penser qu’on pouvait y mettre un mot, encore moins une définition scientifique. Le groove est avant tout un élan mystérieux qui jaillit de notre corps: celui avec lequel on se surprend à taper du pied, secouer la tête ou battre la mesure du doigt à l’écoute d’une musique “entraînante”. Par-dessus tout, le groove motive les individus à s’exposer régulièrement à des contenus musicaux qu’ils partagent sans ménagement avec le plus grand nombre lors des concerts et des festivals, et même toute une série d’autres rassemblements qu’ils soient religieux ou profanes. Dans le présent mémoire, nous avons cherché à explorer le concept de groove (ou synchronisation musicale) selon une démarche prosociale, encore peu rencontrée en psychologie. En effet, la plupart du temps, la musique est tantôt étudiée comme une faculté chez des musiciens exceptionnellement doués, tantôt comme une expérience vécue par des auditeurs passifs. Pour notre part, nous souhaitions formuler une hypothèse adaptative destinée à l’ensemble des êtres humains. Dans un premier temps, d’où vient notre “sens du groove”? Dans un second temps, ce groove aurait-il eu joué un rôle déterminant dans les sociétés ancestrales? A l’heure où la musique live connaît un succès sans précédent, notre analyse prosociale se penche sur un des plus grands mystères de l’humanité: pourquoi l’émotion musicale est-elle si puissante et si agréable? Pourquoi désirons-nous si ardemment la partager?