Docquier, Frédéric
[Université de Lille 2]
Rapoport, Hillel
[Bar Ilan University]
La fuite de cerveaux s’interprète généralement comme une externalité négative imposée à la population restante. La source de cette externalité, selon les auteurs, réside soit dans le préjudice causé aux facteurs de production complémentaires du travail qualifié émigré, soit, d’après les théories de la croissance endogène, dans la réduction du stock de capital humain disponible pour les générations présentes et futures.
Le modèle présenté ici met l’accent sur l’impact des possibilités de migration sur la formation du capital humain et sur la croissance dans une petite économie ouverte en développement. Dans un contexte d’incertitude et d’hétérogénéité des aptitudes individuelles, deux effets de la fuite des cerveaux sont mis en évidence: un " effet d’incitation " à la formation du capital humain, qui joue ex ante, et un " effet de fuite " qui se manifeste ex post avec le départ effectif des cerveaux. La possibilité d’une fuite des cerveaux globalement bénéfique pour le pays d’origine apparaît quand le premier effet domine, c’est-à-dire lorsque la population éduquée représente une part de la population totale plus élevée quand l’économie est ouverte aux migrations que lorsque les frontières sont fermées aux flux migratoires.
Il s’agit d’un modèle essentiellement statique, mais dont les prolongements dynamiques sont évidents (l’endogénéisation de la croissance passe par la transmission intergénérationnelle du capital humain moyen d’une génération à l’autre). L’article présente d’abord un modèle d’investissement en capital humain et distingue entre une économie " fermée " (aux migrations) et une économie " ouverte " (aux migrations) où l’acquisition d’un seuil donné d’éducation autorise tous les agents ainsi qualifiés à émigrer vers des pays offrant un rendement supérieur à l’investissement en éducation. L’incertitude liée aux politiques d’émigration des pays d’accueil est ensuite introduite ; l’article décrit enfin les conditions théoriques d’apparition d’une " fuite des cerveaux favorable ".
Bibliographic reference |
Docquier, Frédéric ; Rapoport, Hillel. Fuite des cerveaux et formation de capital humain. In: Economie Internationale, , no. 79, p. 63-72 (3e trimestre 1999) |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078/97581 |