Francard, Michel
[UCL]
Cette contribution étudie, au départ de données assez disparates, les signes manifestes d’un étiolement rapide des langues régionales de la Wallonie à partir du 20e siècle. Ce déclin au profit du français s'accompagne d'une modification du rapport de force entre les variétés en concurrence: les parlers wallons, picards et gaumais tendent à devenir des sociolectes, face à une langue de culture et de grande diffusion. Les rapports entre le français (variété dominante) et les parlers wallons (variétés dominées) s'inscrivent dans une situation de diglossie où les variétés en présence répondent à une répartition fonctionnelle et à des statuts différents.
La situation a atteint un point critique : la pratique des langues régionales a régressé significativement dans l'ensemble de la population, au point d'aboutir à une rupture dans le processus de transmission d'une génération à l'autre: le wallon, le picard ou le gaumais, sont devenus, pour les jeunes Wallons, des langues "étrangères". De plus, les nombreux efforts consentis dans une perspective renaissantiste le sont souvent dans des conditions précaires: les ressources humaines et les ressources matérielles font cruellement défaut.
Pour la première fois, les Wallons dans leur grande majorité perçoivent clairement que l'avenir des dialectes séculaires est en train de se jouer, sans doute définitivement. Et nombreux sont ceux, dialectophones ou non, qui prennent conscience de ce qu'ils ont "voix au chapitre" dans le débat. Une voix d'autant plus nécessaire que le silence, c'est la mort.


Bibliographic reference |
Francard, Michel. La vitalité des langues régionales en Wallonie. Les parlers romans.. In: Tradition wallonne : revue annuelle de la Commission royale belge de folklore, no. 1, p. 11-23 (1992) |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/75306 |