Zanone, Damien
[Université Grenoble 3]
Culte du moi, culte de l’histoire. Les manuels d’histoire littéraire retiennent souvent ces formules synthétiques pour qualifier le nouveau cours de la production littéraire et de la vie de l’esprit dans la première moitié du XIXe siècle. Juxtaposées, elles exprimeraient la double postulation du romantisme français – et son double prestige.
Le présent volume voudrait réinterroger l’attrait qu’exercent, sur les auteurs du premier XIXe siècle, l’écriture du Moi et l’écriture de l’Histoire. Doit-on se fier aux slogans réducteurs de l’histoire littéraire ? Mieux vaut secouer leur évidence trop brève, malmener les commodités du discours qui isolent les catégories comme autant d’espaces homogènes et distincts : égotisme, historicisme. Peut-on croire un instant au caractère contingent de la rencontre des deux dans un même pays et au même moment ? En postulant que non, on est conduit à enquêter sur les liens qui s’établissent entre les deux inspirations – et les deux pratiques – de l’écriture de soi et de l’écriture de l’histoire : trouvent-elles leur point de rencontre dans une écriture de la mémoire ? Individuelle ou collective, la mémoire écrite invente-elle un même type de mise en récit ? Quels liens penser entre écriture de soi et période historique troublée ?
Ces enjeux ont certainement une portée générale ; mais la période post-révolutionnaire, 1789-1848, leur donne une importance cruciale, tout occupée qu’elle est de dire la place de chacun dans le monde. Si écriture de soi et écriture de l’histoire apparaissent comme deux modalités fondamentales de l’expression romantique, la mise en relation des deux peut ajouter des éléments à ce qu’on nommera une archéologie du romantisme.
Bibliographic reference |
Zanone, Damien. Le Moi, l'Histoire. 1789-1848. Ellug : Grenoble (2005) (ISBN:2-84310-063-1) 193 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078/74853 |