Abstract |
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La théologie morale apporte-t-elle une contribution spécifique à la compréhension de la problématique de la formation de la conscience morale ou revient-il à la théologie pastorale, pratique ou spirituelle, d'un côté, et à la sociologie, à la psychologie ou encore à la pédagogie, d'un autre côté, d'aborder cette question de l'approfondissement de la sensibilité ou de l'identité du sujet éthique ? Cette thèse veut apporter une contribution à ce débat. Certes, une des tâches premières de l'éthique, en tant que science de la moralité, est de faire la distinction entre les questions morales et celles qui ne le sont pas. L'éthique comporte donc une fonction spéculative essentielle. Mais nous sommes d'avis qu'elle cherche aussi une réponse adéquate et suffisante à ces questions morales dans la mesure où elles marquent l'homme soucieux de l'authenticité de sa vie comme être moral et demandent donc une réponse qui tende à éclairer l'ensemble de l'existence humaine. C'est dans ce contexte que, selon nous, la réflexion éthique en général et la théologie morale en particulier apportent une contribution à la connaissance de la conscience morale qu'aucune théorie de l'éducation ne peut fournir. En effet, les théories de l'éducation, dans leurs diverses branches - pédagogiques, psychologiques ou sociologiques - ne peuvent s'occuper que des aspects " empiriques " de la formation de la conscience. Or, il faut d'abord analyser la dimension philosophique ou éthique qui sous-tend cette action empirique dans sa signification éthique. Sans un tel approfondissement critique des précompréhensions de la pratique pédagogique, l'étude de la conscience morale reste assez partielle. Cela veut dire que le problème de la formation de la conscience analysé en dehors du champ éthique - philosophique ou théologique - ne peut qu'être tragiquement simplifié et réduit à son aspect secondaire. À partir de ce principe, nous avons structuré notre travail en trois parties. Dans la première partie de la thèse, nous proposons un cadre sunthétique et interprétatif du discours théologique sur la conscience. Nous le faisons à partir de la présentation de la pensée de quelques auteurs représentatifs de la théologie morale des dernières années : Jean-Marie Aubert, Bernhard Häring, Paul Valadier, Marciano Vidal. Nous analysons également la pensée de quelques théologiens moralistes latino-américains, avec lesquels nous partageons le même horizon culturel. La problématique capitale du mûrissement de la conscience, d'un point de vue fondamental, s'est naturellement imposée. La conscience est le signe majeur de l'identité de l'être humain. Comment la comprendre comme mouvance et stabilité, continuité et rupture à la fois ? L'urgence de l'activation du sens moral semble être l'un des seuls consensus dans la réflexion éthique contemporaine. Comment la rendre effective, en tenant compte aussi bien des aspects rationnels que des aspects affectifs, voire spirituels qui constituent le sujet moral ? Plus fondamentalement, on se demande comment comprendre la formation de la conscience dans des temps qui sont ceux d'une crise de l'être humain en tant que sujet moral. Et cette grave question débouche sur une autre, d'égale importance : comment comprendre l'activation ou le développement du sens moral ou de la conscience morale tout en évitant de tomber dans le rigorisme et le formalisme d'une part, ou dans le relativisme et le subjectivisme d'autre part ? Finalement, dans une société de plus en plus sécularisée et multiculturelle, la foi chrétienne et même l'institution ecclésiale peuvent-elles encore jouer un rôle dans le développement ou la formation de la conscience morale de nos contemporains ? Dans la deuxième partie du présent travail, nous parcourons l'anthropologie qui est à la base de la philosophie de l'éducation du penseur et pédagogue brésilien Paulo Freire[...] |