L'expérience de l'autre dans l'éthique de Husserl et de Scheler

(fre) L’objectif du texte est de déceler les corrélations essentielles entre l’expérience de l’autre et la vie éthique à partir de l’éthique représentée par Husserl et par Scheler. Nous soutenons que le phénomène de l’expérience de l’autre trouve toute sa place dans la théorie des valeurs que ces auteurs abordent en corrélation avec une phénoménologie de la vie émotionnelle. En soutenant que l’éthique phénoménologique prend en compte ce qui constitue l’altérité de l’autre, parce que son individualité personnelle et la rencontre avec lui sont essentiellement d’ordre émotionnel, on essaye de montrer que l’éthique tardive de Husserl rejoint le personnalisme éthique de Scheler en ayant comme arrière-fond le passage d’une fondation statique de l’éthique mettant l’accent sur l’objectivité des valeurs à une fondation génétique sur la personne. Dédié à l’éclaircissement de l’idée d’une éthique fondée phénoménologiquement et de son rapport au problème de l’expérience de l’autre, le premier chapitre contraste la phénoménologie transcendantale et l’ontologie phénoménologique. Le chapitre suivant aborde la détermination du concept d’éthique chez Husserl en montrant une manière d’articuler l’évolution de son conception de la vie émotionnelle, l’analogie entre la logique et l’éthique, et la compréhension de celle-ci en tant que Kunstlehre. Dans le troisième chapitre, on aborde le domaine objectif de l’éthique, c’est-à-dire, la théorie des valeurs, en interrogeant les philosophes sur trois thèmes : d’abord, l’objectivité axiologique et le concept de valeurs individuelles ; ensuite, les rapports formels et matériels entre les valeurs, et finalement, avec le but de comparer leurs positions sur l’éthique impérative, la relation entre la valeur et le devoir. Le dernier chapitre recherche le fondement, ou bien le domaine subjectif de l’éthique dans deux moments : l’anthropologie phénoménologique et l’ontologie de la personne. Dans la première, on interroge l’expérience de l’autre en suivant la théorie des couches de la vie émotionnelle et, dans la seconde, on cherche à dégager un principe d’individuation personnelle, pour terminer avec la conception d’une vie éthique visant le télos d’une communauté de responsabilité.