Six, Benjamin
[UCL]
(fre)
Cet ouvrage présente une lecture critique, au travers du prisme du concept de confiance, du mouvement expansionniste de l'économie politique contemporaine, et des visions réductrices de l'acteur social ainsi que du rapport aux institutions qu'elle véhicule. En articulant une réflexion d'épistémologie des sciences humaines à des interrogations de philosophie politique, l'auteur décrit, en un premier temps, la façon dont est mobilisé le geste confiant par les théories de l'action collective établies sur les puissants fondements individualistes du principe du choix rationnel.
L'amorce théorique choisie est celle du paradigme du capital social tel que mis en place par le politologue Robert Putnam, et formulé sur les bases de l'analyse tocquevillienne du libéralisme. Cet important mouvement théorique est alors décrit comme étant fondé sur une séparation de principe entre les sphères privée et publique, ouvrant soit à une posture néo-conservatrice, soit à une relecture en termes de choix rationnel des sciences politique et sociologique. De cette dernière résulte une perspective élaborée à la fois sur un fonctionnalisme institutionnel, une instrumentalisation de la confiance et une communautarisation de la coopération sociale.
Le second temps de cette analyse traite alors du potentiel réflexif, aussi bien en termes de confiance que de gouvernance, offert par le dépassement d'une telle perspective. Une fois passée au crible de la phénoménologie sociale, la relation fidéiste charrie avec elle un univers conceptuel d'une richesse insoupçonnable par une approche strictement rationaliste et utilitariste. Dans ce nouveau contexte théorique, les routines, les rôles et les institutions contribuent, grâce à la confiance, à la connexion de l'individualité à la sociabilité tout en assurant son autonomie. La question de l'éviction moderne de la confiance sociale en faveur d'une confiance du marché est alors traitée au moyen d'une réflexion sur la gouvernance de l'économie financière, et ce en recourant essentiellement aux travaux du socio-économiste André Orléan.
Ainsi les crises économiques, avec leur cortège d'impacts destructeurs, doivent-elles être perçues avec pour point focal le social et non plus la stabilité de l'économie, justifiant de la sorte une redéfinition démocratique du programme de cette dernière. S'affranchissant alors de limites inhérentes au programme du conventionnalisme français, l'auteur défend une perspective anti-utilitariste dans laquelle l'institution monétaire ne doit non seulement pas être perçue comme un instrument neutre, mais bien et surtout comme la trace symbolique d'un défaut de symétrie dans la génétique sociale ouvrant à un ultime niveau de réflexivité.
Bibliographic reference |
Six, Benjamin. Confiance réflexive et institutionnalisme : des théories libérales du choix rationnel à la gouvernance du fait social monétaire. Prom. : Dedeurwaerdere, Tom |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/29670 |