‘Gender rumble in the customary arena?’ Comprendre l’accès foncier des femmes à l'Est du Congo

Mulumeoderhwa Polepole, Patient [UCL]

La littérature contemporaine met en évidence les luttes d’accès aux ressources naturelles comme des éléments centraux des transformations sociétales, tout en dénonçant leur dépolitisation, particulièrement pour les femmes, les jeunes et les peuples autochtones. Cette dépolitisation réduit la portée des revendications de ces groupes, exacerbée par le pluralisme juridique, l’intensification des revendications identitaires et l’intervention accrue d’acteurs étatiques et non-étatiques. Ces interventions, portées par des ONGi, des institutions de coopération au développement ou des organismes de conservation, visent à atténuer les inégalités systémiques et la pression humaine sur les ressources naturelles, tout en attribuant l’exclusion des femmes de l’accès à la terre et la dégradation environnementale à des traditions jugées rétrogrades. En République Démocratique du Congo, les crises multiformes et l’affaiblissement de l’État ont renforcé ces dynamiques, intensifiant les transformations des systèmes fonciers coutumiers et des moyens de subsistance ruraux. Cette recherche analyse l’impact de ces changements structurels, économiques et politiques sur les pratiques et les stratégies revendicatives des femmes paysannes pour accéder aux ressources naturelles. Fondé sur l’approche critique de la feminist political ecology, cette présentation propose une analyse comparative entre la perception des rapports de genre dans le pouvoir coutumier et les normes et pratiques d’accès à des femmes à la terre dans les chefferies de Kabare, de Ngweshe, de la Plaine de la Ruzizi, de Bavira et de Buhavu dans la province du Sud-Kivu. Ainsi, elle examine comment la perception du genre, oscillant entre les discours dominants et la complexité des réalités locales, façonne et reconfigure les normes et pratiques encadrant l'accès des femmes à la terre.