Pierret, Thomas
[UCL]
(eng)
Despite the conflictual nature of the relations between the Syrian regime and the country's Sunni ulema, the latter's political behaviour is not that of an opposition strictly speaking. Regardless of the clerics various political orientations, they tend to act as a a sectorial elite engaged in a difficult process of negociation with the political-military establishment. The relatively advantageous position they enjoy in this negociation stems from their capacity to resist the marginalization that was supposed to occur as a result of social change and Ba‘thist authoritarian secularism. This resistance was made possible not only by the state's deficiencies in terms of bureaucratization of the religious field but also by the ulema's use of the ressources of both modern and traditional means of education in order to widen their audience in a context of Islamic "awakening". The first part of this research describes the structuration of Damascus and Aleppo's religious scenes from the French Mandate to the early 21st century. The second part deals with two key dimensions of the ulema's self-legitimization, that is, their training, wich was partially institutionalized since the late Ottoman period, and the definition of orthodoxy, whose traditional conception was challenged by the contemporary Salafi trend. As for the third and last part, it presents the growing – even if conflictual – integration of the Sunni clergy into an elite coalition composed of businessmen and political-military responsibles.
(fre)
En dépit de la nature pour le moins conflictuelle des relations entre le régime ba‘thiste syrien et les oulémas sunnites du pays, le comportement politique de ces derniers n’est pas celui d’une opposition stricto sensu mais, indépendamment des différences de sensibilité politique, celui d’une élite sectorielle engagée dans un difficile processus de négociation avec le pouvoir. La position relativement avantageuse depuis laquelle les clercs mènent cette négociation est la conséquence de leur capacité à résister à la marginalisation que leur promettaient, auXXe siècle, le changement social et le laïcisme ba‘thiste. Cette résistance résulte non seulement des carences de l’État en matière de bureaucratisation et de l’adoption par les oulémas d’instruments éducatifs modernes, mais aussi de l’utilisation par ces mêmes oulémas des ressources offertes par les conceptions traditionnelles de l’autorité religieuse en vue d’élargir leur audience dans le contexte du « réveil » islamique contemporain. La première partie de ce travail décrit la structuration des scènes religieuses damascène et alépine depuis l’époque mandataire jusqu’à nos jours. La seconde partie s’intéresse à deux dimensions-clés de la légitimation des oulémas, à savoir les questions de leur formation, partiellement institutionnalisée depuis la fin de l’ère ottomane, et de la définition de l’orthodoxie, dont la conception traditionnelle a été remise en cause par le réformisme salafiste contemporain. Quant à la troisième partie, elle étudie l’intégration croissante, même si conflictuelle, des clercs sunnites dans une coalition élitaire composée d’acteurs économiques et politico-militaires.
Bibliographic reference |
Pierret, Thomas. Les oulémas syriens aux XXe-XXIe siècles : la tradition comme ressource face aux défis du changement social et de l'autoritarisme. Prom. : Dassetto, Felice ; Kepel, Gilles |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/28877 |