Baert, Stijn
[UGent]
Cockx, Bart
[UCL]
Gheyle, Niels
[UGent]
Vandamme, Cora
[Argenta]
Récemment, une étude menée par des sociologues de l'Université de Gand révélait que des candidats locataires ayant un nom à consonance étrangère, ou s'exprimant avec un accent étranger, avait plus de mal à trouver un logement à Anvers et à Gand. De telles discriminations existent-elles aussi sur le marché de l'emploi ? C'est ce que ce numéro de Regards Economiques cherche à établir. Plus précisément, l'étude présentée dans ce numéro vise à déterminer si les employeurs flamands traitent de manière égale les candidatures à l'emploi des jeunes diplômés aux noms à consonance turque et à consonance flamande. Pour ce faire, les chercheurs ont répondu à des offres d'emploi réelles en envoyant des candidatures fictives dont la seule différence majeure était le nom du candidat (à consonance soit flamande soit turque, les Turcs représentant la plus importante minorité ethnique à Gand et la seconde à Anvers, les deux villes auxquelles les candidats fictifs étaient domiciliés). Il ressort de cette étude qu'une inégalité de traitement existe sur le marché du travail en Flandre. Les jeunes diplômés aux noms à consonance turque ont moins de chance d'être invités à un entretien d'embauche que les jeunes diplômés aux noms à consonance flamande : en moyenne, ils doivent envoyer 44 % de candidatures en plus s'il souhaite recevoir le même nombre de réponses positives. Ceci est particulièrement vrai s'ils sont peu qualifiés et candidats à des postes pour lesquels il n'existe pas de pénurie de main-d'œuvre. En revanche, la discrimination disparaît dans les secteurs où il y a pénurie de main d'œuvre. Une telle discrimination est non seulement inacceptable d'un point de vue éthique, mais elle a également d'importantes répercussions sur le plan économique. En raison des énormes défis posés par le vieillissement de la population, il est important de pouvoir compter sur tous les groupes de la population. En outre, ce type d'exclusion en début de carrière peut avoir des conséquences à long terme. Comment remédier à ce problème ? Plusieurs politiques sont proposées : (1) des campagnes de sensibilisation; (2) le recours à un système de candidatures anonymes; (3) faire respecter la loi par le contrôle plus systématique de la discrimination et par l'imposition de sanctions en cas de détection; (4) l'instauration de quotas de recrutement en faveur des personnes issues de l'immigration. Comme l'expliquent les auteurs de l'étude, aucune de ces politiques n'est exempte d'effets pervers. Il convient donc de les doser et de les combiner au mieux pour réduire la discrimination de façon effective sur le marché de l'emploi.
Bibliographic reference |
Baert, Stijn ; Cockx, Bart ; Gheyle, Niels ; Vandamme, Cora. Jonas plutôt que Okan ? Discrimination ethnique à l'égard des jeunes diplômés en Flandre. In: Regards économiques, , no.104, p. 1-10 (2013) |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/271279 |