Nécessité et limites du "jugement prudentiel" dans la problématique bioéthique

La naissance et le développement de ce que l’on est aujourd’hui convenu d’appeler « la bioéthique » sont des phénomènes récents dans la culture contemporaine. Selon différentes publications récentes, qui commencent à en retracer l’histoire, la bioéthique est âgée d’une vingtaine d’années, de 25 tout au plus.
C’est ce phénomène social-historique particulier qui forme l’objet de cette thèse de doctorat en santé publique. Cet objet ressortir, en effet, de la problématique de la santé publique dans la mesure où l’on peut voir dans la bioéthique une tentative de notre culture de clarifier et rationaliser ses liens avec la gestion techno-scientifique da la santé dans ses dimensions à la fois individuelles et sociales.
Par rapport à cet objet, la thèse que nous entendons démontrer est celle-ci : la bioéthique est un des champs privilégiés de la culture contemporaine où se manifeste avec le plus d’acuité à la fois la nécessité et les difficultés, voire parfois, le refoulement du « jugement prudentiel ». Autrement dit, la bioéthique est un des lieux privilégiés où se manifeste une articulation possible entre l’éthique comme expression des visés, des projets et des expériences déposées dans notre tradition culturelle et historique, et des institutions contemporaines qui ont pour objet, aussi bien, la maladie et la santé. Le « jugement prudentiel », que nous trouvons d’une certaine manière à l’œuvre dans la bioéthique, apparaît alors comme l’opération pratique et théorique, sui rend possible une telle articulation. Mais qu’est-ce que le « jugement prudentiel ? » […]