Rosa, Elisabetta cinzia
[UCL]
Depuis les années 2000, les politiques en direction des migrants roms ont fait l’objet de nombreux travaux qui ont souligné l’ambivalence des politiques en question, avec, d’un côté, l’adoption de mesures répressives et de cantonnement des migrants et, de l’autre, des mesures d’hébergement et d’insertion (Sigona, 2002 ; Nacu, 2010 ; Alunni, 2011 ; Daniele, 2011 ; Legros, Vitale, 2011 ; Cousin, 2012). Comme ces travaux l’ont montré, la mise en place de dispositifs d’accueil par les institutions publiques, tels les campi nomadi, en Italie, ou les « villages d’insertion de Roms », en France , maintient ces migrants dans un état de marginalité spatiale, sociale et juridique. Parallèlement, l’évacuation systématique des établissements informels, le plus souvent qualifiés de « bidonvilles roms » et de « campements roms », est une pratique fréquente, en France comme en Italie. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont en effet créé, directement ou indirectement, une sorte de catégorisation des Roms : les personnes autorisées dans les campi nomadi qui ont le droit d’y rester, bien qu’en étant soumis à un régime d’exception (Agamben, 2003), et les occupants sans droit ni titre des établissements informels (Sigona, 2005). Si ces éléments sont certainement fondamentaux pour comprendre la manière dont ces migrants sont « administrés », ils ne suffisent pas cependant à expliquer les relations qui peuvent exister entre ces formes d’habitat et le contexte urbain. Or il apparaît nettement que le contexte urbain contribue à la production de ces formes d’habitat précaire et à leur transformation (Clough Mariano, 2015). Pourtant, comme M. Olivera note à ce propos, « la question des ‘Roms’ est […] le plus souvent détachée des problématiques globales de mal-logement et d’accroissement de la précarité économique pour ne relever que de l’immigration et de l’ordre public » (Olivera 2013, p. 8). L’ethnologue précise en outre que c’est sous un angle sécuritaire que la question des bidonvilles et de leurs habitants est généralement abordée par les institutions publiques. On peut ajouter que dans les politiques d’aménagement et dans les documents d’urbanisme, les établissements précaires et les questions que l’informalité de l’habitat pose au niveau de la gestion des espaces et des infrastructures sont très rarement mentionnés. Ce manque d’attention n’est pour autant qu’apparent : dans bien des cas, l’évacuation des bidonvilles roms correspond à des enjeux précis de valorisation des terrains en vue d’éventuelles transformations urbaines. Ainsi, je soutiens que la marginalisation socio-spatiale et la précarité qui affectent de nombreux migrants roms résulte non seulement des politiques spécifiques mais aussi d’autres politiques urbaines, en premier lieu celle relatives à l’aménagement.


Bibliographic reference |
Rosa, Elisabetta cinzia. Études des bidonvilles Roms à Turin (Campi Nomadi) et à Marseille.Journée d'études Les bidonvilles dans la cité (Musée d'histoire de Marseille). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/241894 |