Au-delà de l’école. La morphogenèse de l'éducation transnationale comme processus de différentiation dans une société-monde

En 2014, la Commission européenne a introduit une réforme de ses budgets dans le domaine de l'éducation, en les regroupant sous une seule bannière, baptisée " Erasmus+ ". Avec ce nouvel instrument, elle finance un large éventail d'activités éducatives qui vont bien au-delà des limites de ce que Guy Vincent appelait autrefois la « forme scolaire ». Le programme exprime ainsi clairement le credo de l'Europe selon lequel « aucune institution, école ou entreprise ne peut prétendre, à elle seule, être en mesure de développer les compétences nécessaires » à la vie dans la nouvelle « société de la connaissance ». Cet article part de la coïncidence entre la création d'un espace éducatif européen et la corrosion des contours institutionnels de l'école. Il examine comment une telle éducation transnationale reflète à la fois la morphogenèse du système scolaire national et s'en écarte. S'appuyant sur le cadre théorique de Niklas Luhmann, il interprète l'européanisation de l'éducation comme un mode de croissance par disjonction interne, autrement dit comme une différenciation interne du système éducatif mondial, qui dépasse ainsi les limites des systèmes liés à l'État-nation et élargit considérablement les limites de ce qui est considéré comme une éducation significative.