Leblanc, Hélène
[UCL]
Le signe est-il une notion équivoque ? Est-il correct de vouloir ranger sous cette notion des choses aussi différentes que des choses renvoyant à des choses (comme la fumée renvoie au feu) ; des mots renvoyant à des idées et en définitive à des choses ; et éventuellement des idées renvoyant à des choses ? C’est par ce biais que cet article propose de présenter les théories scolastiques du signe, fermement unies autour de cette question définitionnelle. On travaillera en dégageant, à l’œuvre dans la notion de signe, deux types d’hétérogénéité, ou d’équivocité forte, assez forte pour mettre en péril l’unité même de cette notion. Une première hétérogénéité rassemble, à partir d’Augustin, sous un même concept le signe-indiciel et le signe-langagier. À cette première hétérogénéité s’en ajoute une seconde, médiévale, qui introduit la possibilité d’une notion encore plus large du signe, qui pourrait bien inclure, en plus des indices et des mots, les concepts ou les idées, par lesquels nous nous représentons les choses. Cette ultime possibilité d’élargissement est remise en cause, au début du 17e siècle, au sein de ce qu’on appelle la scolastique tardive, à travers le débat sur le signe dit « formel ». D’une part en effet, la fusion de la signification linguistique et de la représentation mentale ne conduit-elle pas à une position radicale en faveur d’un langage mental ? D’autre part fonder une théorie générale des signes n’est-il pas trop coûteux quand on se doit – en bon aristotélicien – de donner à l’objet d’une science une définition suffisamment univoque ?
Bibliographic reference |
Leblanc, Hélène. Théories scolastiques du signe. In: Encyclopédie philosophique, p. 1-22 (janvier 2020) |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/230655 |