De tout temps, les animaux de la Bible ont fasciné. Que l’on pense, par exemple, à la tradition médiévale bien connue des Bestiaires – dont certains auteurs font remonter l’origine au Physiologus (IIIe s.) – ou que l’on évoque les œuvres d’exégètes qui – à une époque pas si lointaine et pour éviter les ennuis avec le Magistère – préféraient se rabattre sur des sujets certes palpitants mais inoffensifs, comme la flore et la faune de la Bible, plutôt que d’aborder des sujets dogmatiquement épineux (la création, le rapport à l’histoire, la question des miracles, etc.) . Entre l’allégorisme du moyen-âge et le naturalisme de la fin du XIXe s., l’exégèse à certes bien évolué, mais quoi qu’il en soit, aujourd’hui encore – et pour d’autres raisons qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer – ces animaux fascinent et questionnent toujours. Preuve en est cette recherche, menée de 2015 à 2018 dans le cadre du séminaire de troisième cycle en exégèse de la faculté de théologie de l’Université Catholique de Louvain . Sans viser à l’encyclopédisme, ce volume de sept contributions – bien que limité à l’Ancien Testament – couvre déjà un champ assez vaste, que ce soit en termes de méthodes appliquées (narratologie, histoire rédactionnelle, linguistique, anthropologie biblique, etc.), de corpus traversés (toute la Bible hébraïque dans sa tripartition : Torah, Prophètes et Écrits), mais surtout d’espèces animales étudiées et de points de vue adoptés : les animaux de la création (André Wénin), les purs et les impurs (Jan Joosten), ceux du sacrifice (Didier Luciani), les animaux protégés (Olivier Artus), ceux qui parlent, comme l’ânesse de Balaam (Sophie Ramond), le lion dans ses métaphores (Pierre Van Hecke) et enfin, la sagesse des insectes, illustrée par la fourmi et l’abeille (Maurice Gilbert). Même en s’en tenant à la Bible hébraïque, trois sujets auraient sans aucun doute mérité de compléter le tableau : les animaux figurant des idoles (ex. : le veau d’or), les personnages portant des noms d’animaux (Caleb, Déborah, etc.), les animaux fantastiques et les grands monstres marins (Béhémot, Léviathan, la « baleine » de Jonas, etc.). Quoi qu’il en soit, à parcourir ces différentes contributions, on se rendra vite compte que, tout en pratiquant une exégèse rigoureuse, la préoccupation de chacun des auteurs n’est pas d’abord celle du zoologiste ou de l’entomologiste. Il s’agit bien plutôt de « penser la Bible » pour voir comment elle nous donne à penser ce qu’est l’humain, dans son rapport à l’animalité, que celle-ci lui soit intrinsèque ou extrinsèque [extrait de la préface].
Luciani, Didier ; et. al. Des animaux, des hommes et des dieux. Parcours dans la Bible hébraïque. Presses Universitaires de Louvain : Louvain-la-Neuve (2020) (ISBN:978-2-87558-908-8) 150 pages